Les Valseuses

Avec plus de 5 millions d’entrées, Les Valseuses est l’un des plus grand succès français des années 70 et un film totalement culte qui décrit l’état de la jeunesse après 68, une liberté fabuleuse et forcément quelques dérives. A l’opposé des codes bourgeois, Jean-Claude et Pierrot ne vont nulle part, ils vivent l’instant, même s’il ne doit pas durer. Avec une intensité extraordinaire.

Synopsis : Liés par une forte amitié, deux révoltés en cavale veulent vivre à fond. Cette fuite sera ponctuée de provocations, d’agressions et de tendres instants de bonheur éphémère.

Les Valseuses - critiqueRarement un film a aussi bien capté l’insouciance. Les jeunes héros sont certainement désœuvrés, mais il y a en eux tant de liberté, d’anticonformisme, qu’on se met à les admirer, malgré leur inconscience, malgré leur relatif machisme, malgré leurs erreurs. Et justement, grâce à leurs imperfections.

Le film, très bien dialogué, très drôle, enchaîne les séquences magnifiques. Le début avec Ursula, tendre et amusant. Une scène de train où une petite bourgeoise (Brigitte Fossey) est ramenée à la vie et au plaisir. Les deux truands perdus dans une station balnéaire vide. Les deux mêmes découvrant la frigidité maladive de Marie-Ange.

Puis la rencontre avec Jeanne Moreau, belle et dramatique, une parenthèse grave et mélancolique qui confronte l’innocence des deux jeunes hommes aux désillusions qui viennent avec l’âge. Quelque chose d’horrible parcourt alors le film, comme une prise de conscience de l’insignifiance de la vie, qu’on pourrait résumer ainsi : faire l’amour et mourir.

Les Valseuses essaie d’oublier ce frisson d’angoisse pour reprendre sa route lumineuse vers le plaisir. Celui de la femme est affirmé dans un moment drôle et magique. Suit un meurtre inattendu qui rappelle la candeur des deux amis.

Les vols successifs de voiture (avec apparitions de Gérard Jugnot puis de Thierry Lhermitte) permettent au bonheur de reprendre le dessus sur les aléas de la vie et aux marginaux de se moquer des bourgeois et de leur vie étriquée. A ce titre, la rencontre avec Isabelle Huppert, toute jeune, est un moment de folie libératrice. Avec Les Valseuses, le sexe reprend ses droits : drôle, essentiel, excitant, stimulant.

Le film est aérien, parfois grave, souvent drôle, totalement libre mais traversé aussi de fulgurances plus pesantes. Un hymne au plaisir et au mouvement, une fureur de vivre à tout prix, une volonté de profiter à fond de chaque instant, car sinon il ne reste que de l’absurdité.
« On n’est pas bien? Paisibles? A la fraîche? Décontractés du gland? Et on bandera quand on aura envie de bander. »

Note : 9/10

Les Valseuses
Un film de Bertrand Blier avec Gérard Depardieu, Miou-Miou, Patrick Dewaere, Jeanne Moreau, Brigitte Fossey et Isabelle Huppert
Comédie dramatique – France – 1h55 – 1974

Publié le 14 septembre 2011, dans Films d'hier, et tagué , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. 1 Commentaire.

  1. Chaudron Magique

    « l’insignifiance de la vie ». Oui, quelque chose comme ça.
    Le meilleur Depardieu ? un des meilleurs en tout cas.
    Quoiqu’il y a cet autre film, avec Michel Blanc – j’ai mangé le nom.
    Qui lui aussi est culte. Ca me donne envie de les revoir, tiens 😉

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