Archives Mensuelles: juin 2013

Epic : La Bataille du Royaume Secret

Epic propose de jolies images et quelques gags bien sympathiques. Mais perdu quelque part entre Dragons, Les Croods et Arthur et les Minimoys, le film de Chris Wedge peine à trouver sa place et son identité propre. Et même si on rit pas mal, le schéma bêtement manichéen de l’histoire n’arrange rien.

Synopsis : Lorsqu’une adolescente se retrouve plongée par magie dans un univers miniature, elle doit s’allier à des personnages singuliers afin de sauver leur monde… et le nôtre.

Epic : La Bataille du Royaume Secret - critiqueChris Wedge, le créateur de L’Âge de glace, a tout misé sur la beauté de l’univers qu’il a créé et sur les scènes d’action entraînantes. Le monde d’Epic est très convaincant, certaines trouvailles visuelles sont même étonnantes et les cascades sont souvent réussies et bien filmées.

Le point faible du film, c’est l’histoire, déjà vue mille fois sous des formes diverses et variées. Le scénario et les personnages font même beaucoup trop penser à Arthur et les Minimoys (même si ici, tout est moins bête et moins grossier). L’aventure, très manichéenne, se suit sans mal, mais manque d’enjeux et d’ambition.

Restent de nombreux gags convenus et quelques moments plutôt drôles. Ainsi, chose rare pour des personnages uniquement comiques, l’escargot et la limace sont plutôt amusants. On retient aussi une très bonne blague concernant le cycle de vie des mouches. Par contre, Les relations paternelles sont particulièrement niaises.

Après The Croods, le cinéma d’animation américain confirme qu’il est aujourd’hui friand de grandes aventures écologiques. Epic nous fait passer un moment sympathique mais sans singularité. On l’oublie très vite.

Un film-type, noyé sous la masse de ses modèles et de ses copies à venir. Pour découvrir toute la poésie et l’originalité qu’on peut tirer d’un sujet similaire, courez voir Arrietty, le petit monde des chapardeurs du Studio Ghibli.

Note : 4/10

Epic : La Bataille du Royaume Secret (titre original : Epic)
Un film de Chris Wedge avec les voix d’ Amanda Seyfried, Josh Hutcherson, Steven Tyler, Colin Farrell, Christoph Waltz et Beyoncé Knowles
Film d’animation – USA – 1h42 – Sorti le 22 mai 2013

Shokuzai – Celles qui voulaient oublier

Shokuzai a été découpé en deux films pour l’exploitation en salles. Le second opus vient compléter la saga et offre au spectateur un large panorama des psychoses qu’un adulte peut développer suite aux tragédies de sa jeunesse. Et malgré les chemins alambiqués de son récit, le film arrive à trouver une cohérence étonnante et inquiétante.

Synopsis : Dans une cour d’école, 4 fillettes sont témoins d’un meurtre. Sous le choc, aucune n’arrive à se rappeler de l’assassin. 15 ans plus tard, 2 d’entre elles voudraient oublier…

Shokuzai - Celles qui voudraient oublier - critiqueSuite de Shokuzai – Celles qui voulaient se souvenir, avec le destin des deux autres petites filles qui avaient assisté au meurtre de leur amie 15 ans plus tôt. Alors que Sae et Maki ne vivaient que dans l’attente de remplir leur promesse d’enfant et de se racheter, Akiko et Yuka continuent leur vie loin de ce serment, la première repliée sur elle-même, la seconde dans l’espoir de mettre le monde à ses pieds.

L’histoire d’Akiko est assez bien racontée même si une fois encore, le scénario repose sur des coïncidences d’autant plus improbables qu’elles se multiplient, et sur l’omniprésence de la perversité. Yuka apporte un vent de fraîcheur presque inattendu à cette galerie de portraits dépressifs, puisque contrairement aux autres, elle refuse de subir le poids du passé.

Pourtant, comme chacune de ses anciennes amies, elle provoquera un drame. Partout dans Shokuzai, le destin contrôle les trajectoires des personnages, leur donnant à toutes (bénédiction ou malédiction?) l’occasion de venger le traumatisme de leur enfance.

C’est encore le cas dans le segment d’Asako, dans lequel la providence et la fatalité prennent une place encore plus conséquente. Le destin d’Asako semble être la synthèse de celui des quatre jeunes filles dont elle a modifié la vie à jamais, les forçant à prendre une part de responsabilité dans le drame de leur enfance. Ainsi, elle partage avec Yuka une jalousie maladive et destructrice, à l’origine de la tragédie. Suite au meurtre d’Emili, elle se montre démesurément sévère et intransigeante avec les amies de sa fille, comme Maki avec ses élèves. Les 15 années qui suivent sont pour elles un long calvaire, une période de repli sur soi, 15 années de réclusion qu’elle partage avec Akiko. Sur le modèle de Sae, elle retrouve finalement celui qui lui avait volé sa « poupée » dans le seul but de l’atteindre.

Les vengeances terribles de Sae, Maki, Asako et Yuka influenceront-elles les choix finaux d’Akiko? Et si cette dernière était coupable de tout, si c’était elle qui avait tout provoqué, qui avait créé cinq monstres et autant de destins tragiques?

Malgré son scénario invraisemblable et l’intérêt inégal de son récit, la fable nous fascine par la diversité de ses histoires et de ses personnages, et se révèle être une étude ample et vertigineuse de la culpabilité. Ce film froid et inquiétant dresse le portrait d’une société détraquée formée d’une constellation de solitudes névrosées.

Note : 6/10

Shokuzai – Celles qui voulaient oublier (titre original : Shokuzai 2)
Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Kyôko Koizumi, Sakura Ando et Chizuru Ikewaki
Drame, Thriller – Japon – 2h28 – Sorti le 5 juin 2013

Shokuzai – Celles qui voulaient se souvenir

Présenté sous la forme d’une mini-série de 5 épisodes au Japon, Shokuzai a été découpé en deux films pour l’exploitation en salles. Dommage car le premier opus semble bien incomplet, et la coupe ne fait pas vraiment sens. Les 2 histoires qui nous sont présentées ici, orphelines des 3 suivantes, arrivent à nous captiver par moments, sans pour autant nous convaincre vraiment.

Synopsis : Dans une cour d’école, 4 fillettes sont témoins d’un meurtre. Sous le choc, aucune n’arrive à se rappeler de l’assassin. 15 ans plus tard, 2 d’entre elles voudraient se souvenir…

Shokuzai - Celles qui voulaient se souvenir - critiqueAprès le bref récit d’un événement traumatisant subi par quatre fillettes dans leur enfance, Kiyoshi Kurosawa s’intéresse aux conséquences de cet événement sur la vie de ces quatre amies devenues des jeunes femmes. 15 ans plus tard, les résonances du passé sont plus fortes que jamais.

Dans ce thriller froid et mystérieux, chaque personnage vit son traumatisme à sa façon, s’appropriant le passé douloureux comme une part très importante de son identité. L’histoire de Sae, aux frontières du film horrifique, fait froid dans le dos. Ce segment de Shokuzai, intense et énigmatique, est supérieur au suivant.

En effet, les aventures de Maki plongent le film dans le drame social improbable et un peu exagéré. Les coïncidences ont la part belle dans ce récit un peu limite qui voudrait nous faire croire que l’insécurité est généralisée et que les enfants sont sans cesse en danger. Néanmoins, les dilemmes moraux qui se posent ne sont pas inintéressants.

Mais le véritable problème, c’est qu’il s’agit clairement d’une première moitié de film. Le récit s’arrête au milieu, laissant l’impression évidente que cet opus ne se suffit pas à lui même et qu’en l’état, l’œuvre est inachevée.

Difficile donc de juger ce film avant de voir sa suite, sortie la semaine suivante au cinéma. Alors seulement le film sera complet et fera sens.

Note : 5/10

Shokuzai – Celles qui voulaient se souvenir (titre original : Shokuzai)
Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Kyôko Koizumi, Hazuki Kimura et Yû Aoi
Drame – Japon – 1h59 – Sorti le 29 mai 2013

After Earth

Will Smith et son fils avaient déjà joué ensemble dans A la recherche du bonheur. Il y était déjà question de survie dans un univers hostile. La comparaison s’arrête là : After Earth se nourrit d’anticipation et d’aventures. S’il y a beaucoup de bonnes idées et de scènes percutantes, le film souffre d’un scénario vite prévisible et sans relief.

Synopsis : Après un atterrissage forcé, Kitai et son père se retrouvent sur Terre, mille ans après que l’humanité ait été obligée d’évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques.

After Earth - critiqueLe film commence par distribuer ses cartes plutôt avantageuses. De très belles idées (l' »effacement », l’arrivée accidentelle sur une Terre abandonnée depuis mille ans, l’architecture des habitations du futur), la rapide description d’une société futuriste, et la fascination évidente pour ce que pourrait être l’humanité (et la Terre) dans un futur très lointain.

Et puis au bout de 20 minutes, le programme complet du film est exposé et celui-ci n’en divergera jamais. Pourtant, After Earth serait plutôt un objet étrange dans l’univers du blockbuster : l’histoire tient seulement sur deux personnages, dont l’un est immobilisé; le space opera se transforme peu à peu en film d’exploration puis en survival.

Mais le scénario paraît vite assez plat, la faute à des motifs un peu trop évidents (la relation paternelle, la confiance et la complicité, le poids de la peur et de la culpabilité…).

Pourtant, il faut reconnaître à M. Night Shyamalan que jamais on ne s’ennuie, alors que le dispositif pouvait laisser craindre le pire. Car le film distille quelques séquences époustouflantes, la plus réussie étant sans aucun doute le plongeon de Kitai depuis les hauteurs d’une falaise.

Comme toujours, le réalisateur de Sixième sens nous emballe par l’univers qu’il arrive à créer, par l’histoire qu’il nous raconte, par les enjeux qu’il met au centre de son récit. Et comme très souvent, son film s’avère un peu décevant au regard de ce qu’on pouvait en attendre et de son talent pour nous scotcher à l’écran par intermittence. On regrette aussi le jeu peu nuancé de Jaden Smith.

Le début d’After Earth est très prometteur, puis le film remplit son cahier des charges sans plus chercher à nous surprendre. L’aventure est parfois convenue, parfois palpitante, ce qui suffit néanmoins à nous faire passer un fort bon moment de cinéma.

Note : 5/10

After Earth
Un film de M. Night Shyamalan avec Jaden Smith, Will Smith et Sophie Okonedo
Science-fiction – USA – 1h40 – Sorti le 5 juin 2013

Only Lovers Left Alive – critique cannoise

Finissons le tour d’horizon du Festival de Cannes 2013 avec le dernier film présenté en compétition cette année, Only Lovers Left Alive. Malheureusement, le film de Jim Jarmush, trop lent, trop étiré, trop relâché, ne risquait pas de changer la donne au palmarès. Un poème visuel élégant mais ennuyeux.

Synopsis : Adam et Eve, deux vampires qui s’aiment depuis des siècles, peuvent-ils continuer à survivre dans un monde moderne qui s’effondre autour d’eux ?

Only lovers left alive - critique cannoiseEsthétiquement magnifique, Only Lovers Left Alive essaie de nous étourdir par sa belle lumière crépusculaire, par ses cadres saisissants, par sa superbe musique, par la splendeur glacée du visage de ses personnages.

Les vampires sont des êtres froids et parfaits, le film fait le choix de coller formellement à son sujet. Les vampires sont aussi des êtres lents, ils vivent depuis des siècles et ils ont tout leur temps. Le film avance sur un rythme élégiaque, les séquences s’étirent, les personnages semblent vivre au ralenti.

Malheureusement, l’ennui pointe vite le bout de son nez. Rien de bien nouveau dans le scénario : ces vampires civilisés rappellent ceux de Thirst de Park Chan-Wook. La mise en scène est trop relâchée, peinant à imposer son énergie au récit.

Quand Ava apparaît, on espère qu’enfin ce calme plat va être dynamité, mais rien ne vient, la chape de plomb qui pèse sur le film continue de faire son œuvre. Dans cette atmosphère de fin du monde, parfois un humour noir bienvenu surgit. Quelques plans forcent l’admiration, on pense notamment à ceux qui ouvrent le film, comme la promesse d’un poème envoûtant. Mais d’envoûtant, Only Lovers Left Alive devient vite hypnotique, voire soporifique.

Dans un monde qui périclite, Adam et Eve ne sont pas simplement des vampires, ils sont les derniers vrais humains (les autres sont appelés les « zombies »), un couple raffiné, cultivé et amoureux. Alors que les ressources fondamentales à leur survie sont contaminées, leur amour semble être leur seule arme pour survivre sur une Terre en déclin.

Dans cette fable écologique, Jim Jarmush semble nous prévoir un avenir apocalyptique, où la seule façon de rester en vie se joue aux dépens de la vie des autres. Dommage qu’il faille au spectateur presque autant d’effort pour suivre les aventures contemplatives de ce couple au sang froid.

Note : 3/10

Only Lovers Left Alive
Un film de Jim Jarmush avec Tilda Swinton, Tom Hiddleston, John Hurt et Mia Wasikowska
Romance, Fantastique – USA – 2h03 – Sortie le 12 décembre 2013