Archives du blog

Bilan cinéma 2012 (3) – Les thématiques

S’il y a une préoccupation partagée par tous aujourd’hui, c’est bien la crise économique. Le cinéma n’est pas en reste : le spectre de la crise était présent partout en 2012. Certains films l’ont abordé de front, d’autres en ont fait leur toile de fond. De plus en plus, les personnages de cinéma doivent lutter dans un univers hostile. La société ne protège plus, elle menace.

Le Grand soir, le destin de deux frères en rupture sociale

Le Grand soir, le destin de deux frères en rupture sociale

Au cœur du problème, une mécanique financière irraisonnée

Ainsi, Margin Call revient aux sources de la crise dans une fiction documentaire dans laquelle on n’apprend malheureusement pas grand-chose. Costa-Gavras s’intéresse lui aussi aux grosses institutions financières et à leurs inquiétantes combines mais son film n’est pas plus réussi. Si Margin Call montre des patrons froids et cyniques et se présente comme une analyse du système et de ses dérives, Le Capital serait plutôt une farce accusatrice : les grands banquiers sont des enfants qui jouent puérilement avec les finances de milliards d’individus. Dans les deux cas, les mécanismes incontrôlés du néo-libéralisme et les hommes cupides à la tête de ces institutions sont pointés du doigt. Et aucune porte de sortie n’est envisagée : la grosse machinerie financière semble verrouillée par des jeux d’influence et de pouvoir que personne ne peut maîtriser.

La vie des gens aux prises avec la crise

Plutôt que de dresser le portrait du monde de la finance, beaucoup de cinéastes s’intéressent alors aux difficultés du quotidien. La crise telle qu’elle est subie par tant d’hommes et de femmes souvent isolés. C’est le cas de Louise Wimmer : le combat pour la dignité est d’une violence inouïe dans ce drame un peu longuet sur la précarité. C’est aussi le cas de Not et de Jean-Pierre, les deux frères du Grand soir. Tandis que Not est en rupture sociale depuis des années, Jean-Pierre perd tout du jour au lendemain : femme, travail, appartement. Il glisse alors dans la folie. Kervern et Délépine prennent le parti d’en rire, mais la révolution impossible dans le parking du supermarché reste l’un des grands moments cinématographiques de 2012 : aujourd’hui, il n’y a plus d’engagement, il y a la consommation, et la peur de ne plus pouvoir consommer.

La solitude et la marginalisation guettent aussi les héros de L’Enfant d’en haut, de Tyrannosaur, de La Désintégration ou d’Oslo 31 août. En France, en Ecosse ou en Norvège, des êtres sans avenir vagabondent, avec pour seuls horizons la débrouille, la violence, le terrorisme ou bien encore le suicide. Les films d’animation s’y mettent aussi. Le Magasin des suicides décrit un monde morne où là encore, le paradis est de se donner la mort. Dommage que le film de Patrice Leconte soit creux et mal écrit. Le plus joli dessin animé de l’année n’est pas en reste : dans Ernest et Célestine, l’ours est seul et crève la dalle. Seule sa rencontre avec Célestine pourra le sauver.

Le meilleur film d’animation de l’année : Ernest et Célestine (de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier)
Les films les plus désenchantés de l’année : au niveau politique, La Désintégration (de Philippe Faucon) ; au niveau intime, Oslo 31 août (de Joachim Trier)

Dans Ernest et Célestine, il faut choisir : manger l'autre ou l'aide

Dans Ernest et Célestine, il faut choisir : manger l’autre ou l’aider


Besoin des autres pour s’en sortir

Le salut passe souvent par une rencontre. Dans Une vie meilleure de Cédric Kahn, Yann et Nadia veulent s’intégrer au système et lancer leur restaurant. La chute n’en est que plus douloureuse. Bientôt pour Yann, il ne restera que le fils de Nadia, et pour Nadia il ne restera que Yann. Ken Loach est optimiste en 2012 : c’est grâce à Henri l’éducateur et à ses trois nouveaux amis que Robbie pourra peut-être accéder à la Part des anges. Quant à Magic Mike, lui aussi embourbé dans des projets sans avenir, c’est grâce à une femme qu’il finira par ouvrir les yeux.

Le cri du cœur de l’année : la fameuse scène de la bouteille cassée dans La Part des anges (de Ken Loach)

Mais les Autres peuvent aussi parfois représenter le pire des dangers. Deux films évoquent les spectres du nazisme en montrant comment l’indifférence ou le respect aveugle de l’autorité peuvent être à l’origine des pires atrocités possibles. Dans 38 témoins, Pierre est rongé par la culpabilité et refuse la loi du silence à laquelle tout le monde se conforme. Ici, la lâcheté est la norme, le courage mène à la solitude. Dans Compliance, des hommes et des femmes ordinaires se transforment en bourreaux en suivant des ordres donnés par téléphone. La fameuse banalité du mal n’attend qu’un prétexte pour se manifester. La désobéissance civile est un devoir pour préserver son humanité.

Contre l'échec social, l'amitié fait des miracles dans La Part des anges

Contre l’échec social, l’amitié fait des miracles dans La Part des anges


Des personnages qui se battent (parfois à mort) pour survivre

La précarité est présente partout, même quand ce n’est pas le sujet principal du film. Dorcy vogue de projets galère en projets galère pendant toute la durée de Rengaine. Les héros de Touristes sont aussi au chômage. Perdus dans une société individualiste, ils deviennent plus misanthropes encore que les autres, et gare aux conséquences. Le héros de Wrong continue d’aller tous les jours au travail alors qu’il a été licencié depuis plusieurs mois. Pour lui aussi, la solitude a des conséquences absurdes. Chacun se débrouille comme il peut : dans De rouille et d’os, Ali bénéficie de la solidarité familiale et il utilise son corps pour gagner un peu d’argent. Dans Killer Joe, la famille détraquée préfère miser sur les indemnités de l’assurance-vie de la mère. Problème : il faut d’abord la tuer. Même les ours en peluche sont au chômage : Ted se voit contraint d’accepter un boulot de caissier.

Cogan : Killing Them Softly est sans aucun doute le film le plus cruel sur la question. Andrew Dominik confronte les discours politiques d’Obama et de Bush à la réalité de petits bandits pathétiques qui s’entretuent. « L’Amérique, ce n’est pas un pays, c’est un business » dit le héros du film. Plus de rapport humain sans argent, plus de rêve politique sans appât du gain. Les hommes sont condamnés à se battre pour survivre.

Dans Wrong, rien ne tourne rond. Et la précarité du travail prend un aspect... climatique.

Dans Wrong, rien ne tourne rond. Et la précarité du travail prend l’aspect d’un déluge.


Quand survivre n’est plus possible : la fin du monde

Dans certains films, la crise prend une tournure radicale et mène à la fin du monde. Une fin du monde liée à l’implosion de l’économie libérale dans le Cosmopolis de David Cronenberg. Malheureusement, son apocalypse nous rebute d’un bout à l’autre : le propos est noyé dans un insupportable charabia sans fin. Pour Abel Ferrara aussi, la fin du monde est de la responsabilité des hommes qui n’ont pas su préserver leur planète : 4h44 Dernier jour sur Terre laisse chacun dans la solitude, même aux derniers instants de l’humanité.

Pour d’autres, la fin du monde est plus mystérieuse. On ne connaîtra jamais la cause du virus de Perfect sense mais là encore, il mène inéluctablement à l’isolement le plus total. Le jeune américain Benh Zeitlin propose une vision écologique et intime de la fin d’un monde dans Les Bêtes du sud sauvage. Ses héros sont protégés de la crise car ils vivent hors du monde capitaliste. Mais ils restent sur Terre, dépendant des puissances climatiques et des maladies. Les éléments se déchaînent aussi dans Take Shelter. Pour Curtis, il s’agit aussi de protéger sa famille mais son obsession sécuritaire tient peut-être plus de la paranoïa que de la raison.

Dans Les Bêtes du sud sauvage, les personnages choisissent la marginalisation  mais ils ne peuvent rien contre les éléments

Dans Les Bêtes du sud sauvage, les personnages choisissent la marginalisation mais ils ne peuvent rien contre les éléments

Le désordre est partout et Benoît Jacquot, s’il ne met pas fin à l’humanité, filme la fin d’un monde, celui de la monarchie française. Dans un plan séquence d’une rare beauté, il se fait le témoin des soubresauts de l’Histoire. Là encore, la crise mène Sidonie à la solitude et même à l’anonymat. Même le futur de Looper est un futur de crise économique avancée. Les perspectives ne sont pas plus optimistes dans Hunger Games, un film moins politique que le Battle Royale dont il s’inspire, et qui évoquait déjà la crise du libéralisme.

La fin la moins claire (ou la plus déconcertante) de l’année: Take Shelter (de Jeff Nichols)
Le paradoxe temporel raté de l’année (mais un film enthousiasmant): Looper (de Rian Johnson)


La fuite comme solution ?

Alors, où fuir ? Dans un autre pays : dans Alyah, Alex veut partir refaire sa vie en Israël car à Paris, ses seules perspectives sont d’être dealer. Dommage, le film exécute son programme sans surprise. Dans l’étonnant In another country, Anne peut expérimenter, faire et refaire sa vie jusqu’à satisfaire ses désirs. Pour Marco aussi, il s’agit de recommencer sa vie, et cela débute par quelques Jours de pêche en Patagonie (mais le film, trop minimaliste, traine un peu en longueur). Dans le revigorant Hasta la vista, l’eldorado de trois amis belges handicapés se trouve en Espagne : c’est là qu’ils pourront trouver le plaisir, mais aussi l’indépendance. Le chanteur Sixto Rodriguez vit lui dans la plus grande précarité aux USA. Le documentaire-conte de fée Sugar Man montre comment il sort de sa vie misérable et trouve la gloire et la consécration artistique qu’il méritait en allant en Afrique du Sud.

Le road-trip le plus original de l’année : Hasta la vista (de Geoffrey Enthoven)
L’enquête de l’année : Sugar Man (de Malik Bendjelloul)

Sugar Man : le talent et le succès n'épargnent pas toujours de la précarité

Sugar Man : le talent et le succès n’épargnent pas toujours de la précarité

Barbara aussi, le personnage du film éponyme, aimerait fuir son pays (l’Allemagne de l’Est, du temps de la Stasi), mais le départ n’est pas une décision si simple : il implique les autres, ceux qu’on aime et ceux qu’on ne connaît pas mais qui ont besoin de nous. Il implique de laisser derrière soi tout un pan de notre vie et bien souvent des idéaux. L’héroïne de Martha Marcy May Marlene a fui la société en suivant un gourou charismatique. Mais quand la secte qu’elle a rejointe devient violente, elle est obligée de fuir à nouveau. Dans Reality, Luciano, proche du héros de Take Shelter, tombe dans la paranoïa : ne supportant plus son quotidien misérable, il ne voit de salut que dans la télévision et décide de ne plus vivre que pour devenir une star. Quant à Ana, la mère d’Ame et Yuki, elle fuit une société hostile en s’installant dans un coin perdu au milieu d’une forêt, espérant vivre de sa propre récolte.

Chez Disney, Ralph lui-même essaie de changer de monde et d’en trouver un plus conforme à ses aspirations mais là encore, la fuite n’est pas une solution. Pour Miss Bala par contre, s’enfuir est carrément impossible. Le Mexique semble être un pays cadenassé par sa mafia. Kinshasa aussi apparaît comme une jungle urbaine impitoyable dans Viva Riva !, premier film congolais depuis 20 ans. Riva a fui la misère. Il revient 10 ans plus tard au pays, plein aux as. Pourtant, il est encore obligé de fuir : l’argent gagné est un leurre.

Le film le plus sexy de l’année : Viva Riva ! (de Djo Tunda Wa Munga)

Viva Riva !, le film le plus sexy de l'année au coeur de la jungle urbaine de Kinshasa

Viva Riva !, le film le plus sexy de l’année au cœur de la jungle urbaine de Kinshasa


Quand il n’y a nulle part où fuir, il reste le passé et les souvenirs pour s’échapper

Alors, pour les cinéastes épris de bonheur et de grandes histoires d’amour, il reste le passé. Les deux films les plus euphorisants de l’année, Moonrise Kingdom et Populaire, se passent en 1965 et 1958. Dans le très sympathique Camille redouble, Noémie Lvovsky, arrivée à une impasse dans sa vie, remonte le temps et trouve dans sa jeunesse et dans les années 80 une énergie et une gaieté qu’elle avait oubliées. Tout est encore possible dans cet âge d’or révolu. L’âge d’or s’oppose aussi à un présent médiocre et morose dans le remarquable Tabou, le film le plus nostalgique de 2012. Aujourd’hui, il ne reste que la misère et les regrets. L’aventure et la passion sont l’apanage du passé.

Les films les plus nostalgiques de l’année : Camille Redouble (de Noémie Lvovsky) et Tabou (de Miguel Gomes)

L'amour et l'aventure sont encore possible dans Moonrise Kingdom, mais il faut aller les chercher en 1965

L’amour et l’aventure sont encore possibles dans Moonrise Kingdom, mais il faut aller les chercher en 1965

L’aventure cette année au cinéma, c’est Cheval de guerre, dont la réalisation de Spielberg sublime le banal argument de départ, et ça se passe durant la Première Guerre Mondiale. C’est aussi le surprenant film d’Ang Lee, L’Odyssée de Pi, sans doute les effets spéciaux les plus bluffant de l’année et là encore, ça se passe dans les souvenirs d’enfance de Pi Patel, dans un passé exotique et peut-être fantasmé. Des souvenirs glorieux, un âge d’or disparu, c’est aussi ce que met en lumière Davy Chou dans son beau documentaire Le Sommeil d’or. Il s’agit pour le jeune réalisateur de réveiller la mémoire d’un cinéma cambodgien saccagé par des années de dictature khmère rouge.

C’est aussi dans le passé qu’on trouve les plus belles traces d’engagement politique
. Dans le documentaire de Sébastien Lifshitz Les Invisibles, des hommes et des femmes homosexuels se souviennent de la révolution sexuelle : leurs récits évoquent un monde qui bouge, des idéaux qui vivent et des cœurs qui battent fort. C’est aussi ce que décrit Olivier Assayas dans son film semi-autobiographique, Après Mai. Dans les années 70, la conscience politique est aiguisée, toute la jeunesse est concernée : il est encore possible de rêver un monde meilleur. On peut aussi aller chercher le progrès politique dans un passé encore plus lointain : Royal Affair, même s’il étouffe un peu son propos politique sous le poids d’une romance convenue, est une excursion intéressante au siècle des Lumières.

Enfin, les grandes romances de l’année sont aussi le plus souvent des films d’époque. Royal Affair donc, mais aussi Anna Karenine et The Deep Blue Sea, deux drames à la mise en scène épatante et sophistiquée, malheureusement un peu trop : ces films talentueux restent un peu froids et impersonnels, on aurait aimé être plus ému. En 2012, les histoires d’amour ont été le théâtre d’expériences formelles saisissantes. Joe Wright et Terence Davies ont voulu renouveler le film romantique par une attention novatrice aux plans et aux images. C’est aussi le cas de Xavier Dolan : son Laurence Anyways est une petite pépite formelle. Le réalisateur canadien en fait tant qu’il passe au-dessus de la forme : il est le seul à nous émouvoir vraiment.

Les deux objets romantiques les plus sophistiqués de l’année, beaux comme du papier glacé : Anna Karenine (de Joe Wright) et The Deep Blue Sea (de Terence Davies)

On ne quitte jamais le théâtre dans Anna Karenine, un film de mise en scène qui parle de mise en scène

On ne quitte jamais le théâtre dans Anna Karenine, un film de mise en scène qui parle de mise en scène


Des acteurs et des actrices qui ont marqué l’année

Pour finir avec 2012, parlons un peu de performance, et tout d’abord de performances d’acteurs. Romain Duris démontre une nouvelle fois qu’il est un grand acteur, aussi à l’aise dans les drames (De battre mon cœur s’est arrêté ou Dans Paris) que dans les comédies légères. Après le Dom Juan irrésistible de L’Arnacoeur, il est toujours aussi convaincant dans le rôle pourtant très différent d’un assureur coincé dans Populaire. Du côté des spectres, nous nous souviendrons des « monstres gentils » campés par Jean-Louis Trintignant dans Amour et Michael Shannon dans Take Shelter. Deux belles inquiétudes face à l’impuissance et à l’isolement progressif. Au contraire, deux acteurs donnent corps (au sens propre) à des souffrances enfouies. Peter Mullan est âpre et effrayant dans Tyrannosaur. Mathias Schoenaerts est la révélation de l’année. Dans De rouille et d’os, il explose en père solitaire et en boxeur fragile. Dans Bullhead, il impressionne en homme-bête sensible et traumatisé. A chaque fois, sous les muscles et la carapace il y a un personnage vulnérable et délicat. Deux des plus beaux personnages du cinéma de 2012.

Dans De rouille et d'os, Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts livrent des interprétations éblouissantes. Ici, les corps sont mis à l'épreuve, ils sont le reflet des âmes meurtries qui les habitent.

Dans De rouille et d’os, Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts livrent des interprétations éblouissantes. Ici, les corps sont mis à l’épreuve, ils sont le reflet des âmes meurtries qui les habitent.

Côté actrices, la jeune Tessa Ia est inoubliable en adolescente brutalisée par ses camarades, peu à peu incapable de faire face au deuil et à la méchanceté dans Después de Lucia. Isabelle Huppert trouve un très beau triple-rôle dans In another country. La subtilité de son jeu permet de croire à cette histoire de (triple-)femme qui n’est ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. Alice Lowe surprend en mi-ange mi-démon dans le Touristes de Ben Wheatley. Les plus belles performances sont à mettre au crédit de Marion Cotillard (dans De rouille et d’os), qui prouve à tous ses détracteurs qu’elle est une grande actrice, et à Suzanne Clément, sans aucun doute l’amoureuse de l’année dans la tragédie romantique Laurence Anyways.

Le film le plus cruel de l’année : Después de Lucia (de Michel Franco)
L’acteur de l’année : Mathias Shoenaerts (De rouille et d’os et Bullhead)

Les actrices de l’année : Marion Cotillard (De rouille et d’os) et Suzanne Clément (Laurence Anyways)

La jeune Tessa Ia est remarquable dans Después de Lucia, un drame d'humiliation qui nous ébranle durablement

La jeune Tessa Ia est remarquable dans Después de Lucia, un drame d’humiliation qui nous ébranle durablement


Des mises en scène et des scénarios

Entre la mise en en scène sobre et puissante de Jacques Audiard et le fameux plan séquence de Benoît Jacquot dans Les Adieux à la reine, les grands réalisateurs français se sont illustrés. A l’étranger, on retient notamment l’ambition démesurée et vertigineuse de Joe Wright dans son Anna Karenine ou la puissance extravagante des plans excessifs et magnifiques de Xavier Dolan dans Laurence Anyways. Le plus impressionnant est quand même à mettre au crédit de deux réalisateurs américains, un maître absolu, Steven Spielberg, qui transcende son Cheval de guerre, et un petit nouveau, Benh Zeitlin, qui imprime à ses Bêtes du sud sauvage le mouvement exaltant de la vie de Hushpuppy.

Terminons avec les scénarios. De grandes idées en 2012, et tout d’abord le coup de foudre physique de Jérémie Elkaïm et Valérie Lemercier dans Main dans la main. Malheureusement, le sujet n’est pas exploité à sa juste mesure. Même chose pour Dans la maison : François Ozon nous livre un scripte intelligent et déroutant, entre mise en abyme et réflexion sur le processus de création, avant de se perdre dans les méandres de son histoire. Touristes et Bullhead proposent des intrigues inattendues et des tons originaux. Holy Motors fait travailler notre imagination dans un conte inquiétant et déroutant. Le scénario le plus troublant de l’année reste celui de Perfect Sense. Une fable apocalyptique et romantique d’une exceptionnelle intelligence sur l’isolement progressif d’individus qui ne savent plus ni goûter, ni sentir, ni entendre, ni même voir. Les émotions déferlent sans but quand il n’est plus possible de « toucher » l’autre. Et l’homme redevient un animal, un ensemble de réactions chimiques. Quand celles-ci se dérèglent, il n’y a plus d’homme, il n’y a plus qu’une affolante mécanique. Take Shelter était inquiétant, Perfect sense est effroyable.

Dans Touristes, Tina et Chris essaient d'être ensemble pour ne pas être seuls. Mais quand le chacun pour soi est devenu une règle de vie, il est bien difficile d'accepter l'autre.

Dans Touristes, Tina et Chris essaient d’être ensemble pour ne pas être seuls. Mais quand le chacun pour soi est devenu une règle de vie, il est bien difficile d’accepter l’autre.

En 2012, la crise nous met tous en danger. Et le plus grand de tous ces dangers, celui qu’on retrouve dans une grande majorité des films de cette année, c’est la solitude. Qui dit crise économique dit égoïsme, individualisme, isolement. Au bout de cette logique terrifiante, il y a Perfect sense. Les liens affectifs sont la seule lueur d’espoir dans cet horizon dépressif.

Le réalisateur de l’année : Benh Zeitlin (Les Bêtes du sud sauvage)
Le scénario le plus fascinant et bouleversant de l’année : Perfect Sense.

Autres films qui n’ont pas trouvé une place dans ces textes :

Le meilleur polar de l’année : Une nuit (de Philippe Lefebvre)
La fin la plus triste de l’année : Quelques heures de printemps (de Stéphane Brizé)
Le film le plus malsain de l’année : Guilty of romance (de Sion Sono)
La rencontre impossible de l’année : Une bouteille à la mer (de Thierry Binisti)
La fin la plus attendue et la plus inattendue de l’année : Twilight – Chapitre 5 : Révélation 2ème partie (de Bill Condon)

Voir aussi : Bilan cinéma 2012 (1) – Le top 20
et Bilan cinéma 2012 (2) – Les réalisateurs

 

Bilan cinéma 2012 (2) – Les réalisateurs

Derrière chaque film il y a un auteur, quand la logique de la société de production ne prend pas le dessus. En 2012, de nombreux grands réalisateurs étaient au rendez-vous, de Steven Spielberg à Jacques Audiard en passant par Ken Loach. Des triomphes, des catastrophes, des retours, des surprises : petit tour d’horizon des cinéastes.

Michael Haneke et sa Palme d'or pour son film Amour

Michael Haneke et sa Palme d’or pour son film Amour

Trois cinéastes au sommet

Le Festival de Cannes 2009 offrait sa Palme d’or au Ruban blanc de l’autrichien Michael Haneke et son Grand Prix au Prophète du français Jacques Audiard. Il s’agissait effectivement de deux des films les plus saisissants de l’année. En février 2010 sortait un film d’animation très enthousiasmant, le Fantastique Mr. Fox de l’américain Wes Anderson.

En 2012, ces trois cinéastes sont de nouveau à l’honneur avec leur film suivant. Les trois ont eu l’honneur de la croisette et c’est encore Haneke qui a triomphé. Tout comme Isabelle Huppert 3 ans avant lui, Nanni Moretti, président du jury, lui a une nouvelle fois remis la prestigieuse Palme d’or pour Amour. Audiard et Anderson eux, ont été oubliés par le jury. Pourtant, Audiard reste aux sommets avec De rouille et d’os, un film dense et intense, une petite merveille de cinéma. Quant à Wes Anderson, il livre peut-être son plus beau film, une aventure romantique délicate et décalée, sans doute la sucrerie la plus réjouissante de l’année.

Le film le plus intense de l’année : De rouille et d’os (de Jacques Audiard)
Le film le plus réjouissant de l’année : Moonrise Kingdom (de Wes Anderson)
Le film le plus glacial de l’année : Amour (de Michael Haneke)

De rouille et d'os

De rouille et d’os, le film le plus intense de 2012


Le rêve et l’évasion : deux réalisateurs qui croient aux pouvoirs magiques du cinéma

D’autres grands cinéastes ont eu l’occasion cette année d’enrichir leur œuvre : parmi eux, citons notamment Steven Spielberg et Ang Lee qui continuent à nous faire rêver sur très grand écran. Le premier, définitivement l’un des monstres vivants du septième art, continue d’impressionner avec son Cheval de guerre : il sublime un thème peu attractif par une réalisation époustouflante et revient aux sources de son cinéma. Entre Indiana Jones et le Soldat Ryan, entre E.T. et Tintin, Spielberg continue d’émerveiller l’enfant qui sommeille en chaque spectateur. Ang Lee, à la filmographie beaucoup plus irrégulière, livre pour sa part son meilleur film depuis Tigres et dragons avec L’Odyssée de Pi, une aventure saisissante et moins naïve qu’il n’y parait.

Le film le plus candide et féérique de l’année : Cheval de guerre (de Steven Spielberg)
Le film le plus impressionnant de l’année : L’Odyssée de Pi (de Ang Lee)

L'Odyssée de Pi

L’Odyssée de Pi, le film le plus impressionnant de 2012


Quelques autres noms mythiques du septième art

Le come-back de l’année est à mettre au crédit de Leos Carax. 13 ans après son dernier film, l’enfant terrible du cinéma français expérimente toujours avec l’œuvre la plus surprenante de l’année, Holy Motors, injustement boudé lui aussi par le jury cannois.

Ken Loach livre un nouveau Ken Loach (La Part des anges, séduisant), Woody Allen un nouveau Woody Allen (To Rome with love, dans lequel il continue son tour d’Europe quitte à s’essouffler), Denis Podalydès un nouveau Podalydès (Adieu Berthe, drôle et tendre), et Tim Burton deux nouveaux Tim Burton (Frankenweenie, classique et sympathique et Dark Shadows, classique et raté).

Le cinéaste coréen Hong Sang-Soo nous offre lui aussi deux films (Matins calmes à Séoul et le très joli In another country dans lequel il explore justement les motifs de la répétition et de la variation, avec au passage l’un des plus beaux rôles d’Isabelle Huppert). Abbas Kiarostami, lui, est allé tourner au Japon son Like someone in love dans lequel il poursuit sa réflexion sur les faux-semblants entamée dans Copie conforme. François Ozon n’est pas loin de ces considérations sur l’ambitieux (mais inégal) Dans la maison.

Le film le plus surprenant et original de l’année : Holy Motors (de Leos Carax)
Le film le plus tendre : Adieu Berthe – L’enterrement de mémé (de Denis Podalydès)

Holy Motors

Holy Motors, le film le plus original de 2012

Notons enfin, pour finir avec les grands réalisateurs, qu’à 77 ans, William Friedkin ne perd pas la main : son Killer Joe est l’un des films les plus violemment séduisants de l’année. Abel Ferrara nous laisse rêveur face au Dernier jour sur Terre. Ridley Scott, qui aura perdu son frère cette année (Tony Scott, le réalisateur de Top Gun et True Romance), sera revenu aux origines avec Prometheus, inspiré de la saga Alien. En France, Benoît Jacquot livre Les Adieux à la reine, un film inquiétant dont on retient notamment un magnifique plan-séquence dans les couloirs de Versailles.

Le plus beau plan-séquence de l’année : Les Adieux à la reine (de Benoît Jacquot)
Le film le plus glauque de l’année : Killer Joe (de William Friedkin)

Des cinéastes qui confirment tout le bien qu’on pensait d’eux

Certains ne sont pas encore des vieux de la vieille, mais ils deviennent des cinéastes avec qui il faut compter. Il y a d’abord le jeune canadien Xavier Dolan qui s’améliore à chaque film et qui livre l’une des pépites de l’année, le film le plus démesuré de 2012, Laurence Anyways. Nous avons aussi pu découvrir cette année un film de 2004 de l’iranien Asghar Farhadi (sorti en France grâce au succès l’année dernière d’Une séparation), le très beau Les enfants de Belle Ville. Fin du tour du monde avec le Japon : après le mélancolique Still walking, Hirokazu Kore-Eda nous offre I wish, un très joli conte sur l’enfance.

Côté cinéma européen, Kervern et Délépine explorent toujours leur univers dépressif et décalé mais Le Grand soir est sans doute leur film le plus mature et le plus abouti. Le roumain Cristian Mungiu, après sa Palme d’or pour 4 mois 3 semaines 2 jours, gagne le Grand Prix avec le saisissant Au-delà des collines, l’un des films les plus noirs de l’année.

Et le britannique Joe Wright continue de filmer Keira Knightley en costumes (après Orgueil et préjugés et Reviens-moi) dans Anna Karenine, un film à la mise en scène surprenante et enthousiasmante. La plus belle scène de danse de l’année aussi, et ce en dépit des quelques jolis moments de Main dans la main. Pour son troisième film, Valérie Donzelli ne réitère pas le succès rafraichissant de La Guerre est déclarée, et s’il ne faut pas bouder les qualités de sa dernière romance, il faut avouer qu’elle est un peu bâclée.

Côté américain enfin, Christopher Nolan clôt sa trilogie Batman avec élégance, sans atteindre le génie de son Dark Knight.

Le film le plus punk de l’année : Le Grand soir (de Benoît Délépine et Gustave Kervern)
Le film le plus noir et étouffant de l’année : Au-delà des collines (de Cristian Mungiu)
Le film le plus romantique et démesuré : Laurence Anyways (de Xavier Dolan)

Laurence Anyways

Laurence Anyways, le film le plus romantique de 2012


Des jeunes auteurs qui émergent

Quelques jeunes cinéastes sont à surveiller de près. Après l’épatant Morse, le suédois Tomas Alfredson livre La Taupe, le film le plus cérébral de l’année, un thriller d’espionnage complexe, parfois un peu trop. Après l’étonnant Rubber, Quentin Dupieux continue à étonner : Wrong n’est pas complètement réussi, mais il reste le film le plus taré de 2012. Et après son superbe Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, l’américain Andrew Dominik livre un film ingrat mais fascinant avec Cogan.

Le film le plus cérébral de l’année : La Taupe (de Tomas Alfredson)
Le film le plus taré de l’année : Wrong (de Quentin Dupieux)
Le film le plus politique de l’année : Cogan, Killing them softly (de Andrew Dominik)

Les plus belles surprises viennent de deux réalisateurs britanniques, David MacKenzie et Ben Wheatley, qui ont tous les deux sorti deux films cette année. Pour le premier, c’est surtout Perfect sense qui marque. Contrairement à la comédie Rock’n’Love, Perfect sense est une tragédie âpre et captivante, sans doute le meilleur scénario de l’année. Ben Wheatley s’est lui fait remarquer avec Kill List et Touristes. Ce dernier film est une petite perle d’humour décalé, de mauvais esprit libérateur et d’inquiétude politique.

Le film le plus fascinant de l’année : Perfect Sense (de David MacKenzie)
Le film le plus méchamment drôle de l’année : Touristes (de Ben Wheatley)

Perfect sense

Perfect sense, le film le plus fascinant de 2012


Des premiers films qui comptent

Côté premiers films, c’est le belge Michaël J. Roskam qui impressionne le plus avec son Bullhead, le choc cinéma de l’année. Mais l’américain Benh Zeitlin le talonne de près, et son merveilleux Les Bêtes du sud sauvage méritait bien sa Caméra d’or à Cannes. Côté français, c’est Régis Roinsard qui s’est imposé en prenant en main dès son premier film une grande production et en en faisant une comédie au charme rétro. Populaire est le film le plus frais de l’année.

Le choc de l’année : Bullhead (de Michaël J. Roskam)
Le film le plus émouvant de l’année : Les Bêtes du sud sauvage (de Benh Zeitlin)
Le film le plus frais de l’année : Populaire (de Régis Roinsard)

Bullhead

Bullhead, le choc de 2012


Les grands réalisateurs qui se sont plantés

Pour finir, quelques ratés. La perle pour David Cronenberg : Cosmopolis est prétentieux et vide, le film le plus toc de 2012. Alain Resnais déçoit terriblement avec Vous n’avez encore rien vu (c’est rien de le dire) qui pêche notamment par narcissisme. Les frères Taviani filment aussi une pièce de théâtre : tant pis pour nous, ce n’est pas plus enthousiasmant.

Sam Mendes se laisse bouffer par la franchise James Bond et livre un film impersonnel et inintéressant. Walter Salles est étouffé par l’ampleur de l’œuvre qu’il a essayé d’adapter. Son Sur la route est ennuyeux comme jamais. Ennuyeux : c’est aussi le cas du dernier Clint Eastwood (J. Edgar), un film sans souffle et sans magie, et de Young Adult, signé Jason Reitman, une comédie lourde et mal rythmée (premier véritable échec pour le réalisateur de Thank you for smoking et Juno).

Le film le plus toc de l’année : Cosmopolis (de David Cronenberg)
Le film le plus impersonnel de l’année : Skyfall (de Sam Mendes)
Le film le plus regrettablement chiant de l’année : Sur la route (de Walter Salles)

Cosmopolis

Cosmopolis, le film le plus prétentieux et vide de 2012

Pour certains, l’inventivité n’est pas de mise cette année. Peter Jackson bégaye sa Terre du Milieu avec son premier Hobbit. C’est long. Guy Ritchie bégaye son Sherlock Holmes (c’est plus vivant, mais tout aussi oubliable), Julie Delpy bégaye son 2 days in Paris dans New York, David Fincher bégaye une adaptation de Millenium qu’on avait trouvé certes moins classieuse mais plus trépidante quand le suédois Niels Arden Oplev était à la mise en scène. Michel Ocelot bégaye son Kirikou, Blue Sky son Age de glace, Pixar bégaye son Disney dans Rebelle, DreamWorks son Madagascar (quand il ne livre pas l’épouvantable Les Cinq légendes).

Au contraire, Francis Ford Coppola essaie toujours d’inventer, mais son Twixt sonne faux. On aurait aimé mieux tant il y avait matière à du beau, mais en fait c’est assez moche et le scénario est follement vaseux. Stephen Daldry s’embrouille avec un film extrêmement naïf et incroyablement bof. Costa-Gavras continue le combat politique avec pertinence mais sans finesse (Le Capital).

Le film le plus déjà-vu de l’année : Le Hobbit, un voyage inattendu (de Peter Jackson)
Le film le plus fumeux de l’année : Twixt (de Francis Ford Coppola)

Finissons sur deux succès peu mérités : d’abord le triomphe aux Golden Globes de Ben Affleck. Argo est certes un film bien fait, mais plutôt branché qu’intelligent. Gone Baby Gone était beaucoup mieux. Enfin le succès critique et cannois de La Chasse de Vinterberg. Un film maladroit qui reprend pourtant les thématiques de l’excellent Festen.

Le film le plus surestimé de l’année : Argo (de Ben Affleck)

Voir aussi : Bilan cinéma 2012 (1) – Le top 20
et Bilan cinéma 2012 (3) – Les thématiques

Bilan cinéma 2012 (1) – Le Top 20

Les nominations aux Césars et aux Oscars ont enfin été annoncées, et il est temps pour moi de donner mes coups de coeur de l’année (films sortis en France en 2012). 20 films, principalement français et américains, mais qui mettent aussi en avant les cinémas belge, britannique, canadien, roumain, iranien, mexicain et congolais! Petit retour sur les petits bijoux de 2012!

De rouille et d'os - affiche

.
1 – De rouille et d’os (de Jacques Audiard, France-Belgique)

Jacques Audiard prouve qu’il peut faire aussi bien que le magnifique Un prophète. Il y a dans De rouille et d’os une telle croyance en l’art du récit, une telle science de la mise en scène, une telle densité de cinéma qu’on reste KO.

.

Bullhead - affiche

.

2 – Bullhead (de Michaël R. Roskam, Belgique)

Un premier film à couper le souffle. Dans un monde noir de misère affective et de combines mafieuses, le réalisateur belge trouve une étincelle de vie et en fait jaillir un feu ardent et destructeur.

.

Moonrise Kingdom - affiche

.
3 – Moonrise Kingdom (de Wes Anderson, USA)

Wes Anderson livre sans doute son oeuvre la plus accomplie : un très joli film en même temps qu’une ode bouleversante à l’innocence et aux utopies. Peu de cinéastes sont capables de sonder le bonheur avec tant de délicatesse.

.

Perfect sense - affiche

.

4 – Perfect sense (de David MacKenzie, Royaume-Uni-Suède)

Un film de fin du monde différent, puissant, effrayant, à mi-chemin entre l’intime et l’universel. Le film le plus fascinant et le plus inquiétant de l’année.

.

Amour - affiche.

5 – Amour (de Michael Haneke, France-Autriche)

Construit avec une précision d’orfèvre, le film épie la violence au coeur du quotidien et de l’intimité. Il explore avec génie les tréfonds de l’âme humaine, dans toute sa splendeur et dans toute son atrocité.

.

Holy Motors - affiche

.

6 – Holy Motors (de Leos Carax, France)

Une réflexion poétique sur la force créatrice du cinéma, sur la nécessité absolue de (se) raconter des histoires, sur la fuite du réel et sur l’impossibilité, plus métaphysique, de se définir en tant qu’individu.

.

Laurence Anyways - affiche

.

7 – Laurence Anyways (de Xavier Dolan, Canada-France)

Laurence Anyways est un film trop long, trop plein, trop tout, mais c’est aussi un très beau film. Une histoire d’amour qui n’a pas peur de la démesure.

.

Les Bêtes du sud sauvage - affiche.
8 – Les Bêtes du sud sauvage (de Benh Zeitlin, USA)

Un premier film percutant : le sujet est fort et original, alliant la singularité d’un mode de vie à des combats et des sentiments universels; la mise en scène est celle d’un film d’aventures métaphysique, partagée entre naturalisme et mysticisme.

.

Touristes - affiche.

9 – Touristes (de Ben Wheatley, Royaume-Uni)

Un road trip barré, un film de serial killer déguisé en comédie sociale, une petite pépite inattendue. C’est aussi le portrait malade d’une société fatalement individualiste et d’un idéal de vie riquiqui.

.

Le Grand soir - affiche

.
10 – Le Grand soir (de Benoît Délépine et Gustave Kervern, France)

Sans doute l’un des meilleurs films réalisés sur la crise économique qui secoue le monde depuis 2008. Un vrai film punk, plein d’idées, drôle et absurde, qui fait le portrait finalement un peu triste d’une société du vide.

.

Viva Riva ! - affiche

.
11 – Viva Riva ! (de Djo Tunda Wa Munga, Congo-France-Belgique)

Premier film congolais depuis 20 ans et c’est une réussite incontestable. Viva Riva !, c’est du Tarantino à la sauce africaine. Les maladresses sont largement compensées par une réalisation électrique et des scènes puissantes et sexys.

.

Une nuit - affiche.

12 – Une nuit (de Philippe Lefebvre, France)

Un film admirable, nerveux, épais. Un Roschdy Zem épatant, un scénario très bien pensé. Simplement l’une des plus belles surprises de 2012.

.
.

Au-delà des collines - affiche.

13 – Au-delà des collines (de Cristian Mungiu, Roumanie)

Après deux femmes aux prises avec l’avortement illégal, le réalisateur roumain s’intéresse à deux femmes en lutte avec Dieu. Un film intense et ambitieux.

.
Killer Joe - affiche.
14 – Killer Joe (de William Friedkin, USA)

Tout dans ce film est outrancier, depuis le pitch, improbable, jusqu’aux personnages, tous piteux. Simplement jouissif, un voyage dans les recoins les plus sombres de l’âme humaine.

.

Les Adieux à la reine - affiche.

15 – Les Adieux à la reine (de Benoît Jacquot, France)

Le réalisateur arrive à saisir le chaos de ces instants énigmatiques où tout change, où un monde cède sa place au suivant, de ces journées charnières qui s’inscrivent immédiatement dans l’Histoire.

.

Camille Redouble - affiche

.

16 – Camille Redouble (de Noémie Lvovsky, France)

Un vent de fraîcheur rajeunissant, une énergie euphorisante. Noémie Lvovsky réussit son pari : sa comédie est drôle, sa romance est passable, son intrigue fantastique est excitante.

.

Cheval de guerre - affiche

.
17 – Cheval de guerre (de Steven Spielberg, USA)

Sans doute seul Steven Spielberg peut-il faire cela aujourd’hui : un film d’aventure au premier degré, une épopée mélodramatique sans clin d’oeil. Il recrée les fables intemporelles qui nous faisaient rêver quand nous étions petits.

.

Les Enfants de Belle Ville - affiche

.

18 – Les Enfants de Belle Ville (de Asghar Farhadi, Iran)

L’intrigue est sans doute moins originale que celle d’Une Séparation, mais les enjeux du film sont plus puissants, ce qui en fait un très beau moment de cinéma.

.

Looper - affiche.

19 – Looper (de Rian Johnson, USA)

Une idée brillante, des situations intrigantes et complexes, un univers crédible et stimulant, le tout en dépit d’un scénario mal maîtrisé.

.
.

Después de Lucia - affiche.

20 – Después de Lucia (de Michel Franco, Mexique-France)

Un film énigmatique sur la violence, celle de l’adolescence, celle du deuil, celle du monde extérieur et celle de nos propres pulsions.
.

.

Pour compléter cette liste, quelques autres films marquants malgré des défauts ou des maladresses : Wrong (de Quentin Dupieux), Populaire (de Régis Roinsard), In another country (de Hong Sang-Soo), Ernest et Célestine (de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier), L’Odyssée de Pi (de Ang Lee), Anna Karenine (de Joe Wright), Starbuck (de Ken Scott), Take Shelter (de Jeff Nichols), Hasta la vista (de Geoffrey Enthoven), La Taupe (de Tomas Alfredson), Tabou (de Miguel Gomes) et Rengaine (de Rachid Djaïdani).

Voir aussi : Bilan cinéma 2012 (2) – Les réalisateurs
et Bilan cinéma 2012 (3) – Les thématiques