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Les Beaux Jours
Fanny Ardant et Laurent Laffite, 25 ans d’écart, s’éprennent l’un de l’autre. Malheureusement, le film avance de lieux communs en lieux communs, s’appuyant sur des personnages égoïstes et tièdes dont le bonheur nous importe finalement bien peu. Marion Vernoux s’enthousiasme pour une histoire assez laide, révélant une bien triste vision des gens et des relations humaines.
Synopsis : Caroline, fraîchement retraitée, n’a devant elle que du temps libre et encore du temps libre. Sa rencontre avec Julien, qui a l’âge de sa fille, va bouleverser son quotidien.
Certes, au cinéma on voit peu d’histoires d’amour entre une jeune sexagénaire et un homme qui n’a pas encore quarante ans. Est-ce que ce simple argument suffit pour justifier une romance banale qui enchaîne pendant 1h30 tous les clichés de la relation adultère?
L’amour n’a pas d’âge. D’accord, mais cela excuse-t-il que plus rien d’autre n’ait d’importance, ni les relations d’une vie, ni la confiance, ni le respect de celui qui partage notre existence? C’est avec une totale insouciance, sans l’once d’un remords (ou d’une hésitation) que Caroline se lance dans son aventure. Les réactions du mari, de la fille de Caroline, des amies du centre de loisirs pour retraités, appuient toutes une vision de la vie et du couple où le mensonge et la trahison n’ont aucune espèce d’importance. Caroline ne doit rien à Philippe, la seule chose qui compte, c’est qu’elle trouve son bonheur et son plaisir.
En célébrant l’épanouissement individuel, à tout âge et en toute situation, Marion Vernoux célèbre aussi une société individualiste où chacun s’occupe d’abord de soi et de sa libido avant de prendre soin des autres. Embarqués dans une course à la réalisation personnelle et à la liberté sans contrainte et sans concession, les personnages du film se regardent tous beaucoup, très occupés à décoder leurs désirs et leurs frustrations.
C’est d’abord le cas de Caroline, qui nous est tout de suite très antipathique. Trop absorbée par la contemplation de son nombril, elle n’a aucune attention pour ceux qui l’entourent, encore moins pour l’homme qui partage sa vie. Quant à Julien, il est tellement creux et arrogant qu’il est très vite insupportable (Laurent Laffite n’y est pas pour rien). Il reste Philippe, victime consentante un peu trop molle pour qu’on ait même envie de le défendre. Et une cohorte de retraités trop sympathiques, dont les jeux dépressifs ne nous arrachent ni sourire ni émotion.
Alors, Les Beaux Jours, ce sont ceux qui nous restent, quelque soit notre âge, ce sont ceux où l’on s’occupera seulement de nous-mêmes et de personne d’autres, ceux où l’on réalisera enfin nos fantasmes (aux dépend de ceux qui nous aiment), ceux où l’on sera enfin libres… et seuls. Caroline pourrait assumer ses nouveaux désirs, essayer de comprendre ses sentiments avec son mari, prendre avec lui les décisions qui s’imposent. Elle pourrait être faible et tourmentée. Non, elle est simplement désinvolte et narcissique, elle fait souffrir par simple inconséquence.
L’histoire d’amour est moche. La façon de voir la vie qui se dégage du film est moche. Et qui plus est, le scénario est tout construit de lieux communs sans saveur. L’âge n’y fait rien, la flamme est bien pâle quand on ne vit que pour soi.
Note : 2/10
Les Beaux Jours
Un film de Marion Vernoux avec Fanny Ardant, Laurent Lafitte et Patrick Chesnais
Comédie dramatique – France – 1h34 – Sorti le 19 juin 2013
De l’autre côté du périph
Omar Sy qui danse dans un salon de la bourgeoisie parisienne, ça vous rappelle quelque chose? De l’autre côté du périph surfe sur la vague Intouchables et propose de réunir deux acteurs (et personnages) qu’apparemment tout oppose. Exit la tendresse, il ne reste ici que la comédie, mâtinée d’action. Le duo comique fonctionne plutôt bien mais le film reste parfaitement banal.
Synopsis : Ousmane Diakité, policier de Bobigny et François Monge, capitaine de la crim’ de Paris, vont devoir faire équipe pour élucider le meurtre de la femme d’un grand patron…
De l’autre côté du périph est un buddy movie classique qui réunit deux policiers très différents (on pense à 48 heures, L’arme fatale et autres Rush Hour). La petite idée marrante du film, c’est de proposer un Ousmane Diakhaté plutôt conservateur et psychorigide (bien qu’il vienne des banlieues et qu’il a apparemment toute la désinvolture qui va avec), et un François Monge souvent détendu et libertin (en dépit d’un style très propre sur lui, très « parisien »).
La fameuse frontière du périph est très exploitée en ce moment dans la comédie français, soucieuse de réconcilier Paris et sa banlieue, que ce soit dans Lascars, Tout ce qui brille, Neuilly sa mère! (Neuilly prenant alors le rôle de Paris) ou, plus récemment, Les Kaïra. Ici, les gags sont inoffensifs mais plutôt réussis : chacun des deux flics a son univers à lui, mais on se rend bien vite compte que Ousmane n’est pas forcément heureux au milieu d’une cité, pas plus que François dans les bureaux de la Brigade Criminelle de Paris.
On retient aussi une scène un peu osée et rarement vue dans ce genre de comédie calibrée, celle dans le club échangiste, plutôt bien sentie. Pour le reste, le film souffre d’un gigantesque manque de rythme et la réalisation est mauvaise, avec des choix de cadres complètement ratés, notamment ces pénibles contre-plongées qui ralentissent le récit. N’est pas Tarantino qui veut.
L’intrigue policière est inintéressante au possible, le film est donc sauvé simplement par l’écriture des gags, plutôt chouette, et l’interprétation des acteurs, surtout Omar Sy, décidément en grande forme.
Note : 3/10
De l’autre côté du périph
Un film de David Charhon avec Omar Sy, Laurent Lafitte, Sabrina Ouazani et Lionel Abelanski
Comédie, Policier – France – 1h36 – Sorti le 19 décembre 2012
Moi, Michel G, Milliardaire, Maître du monde
A l’heure où l’homme politique est avant tout un people, à l’heure où le business dirige la politique, Stéphane Kazandjian s’intéresse à la vie privée d’un businessman : Michel Ganiant, machine à gagner (des sous). Faux documentaire, vraie satire, Moi, Michel G… dépeint notre monde libéral avec un humour convenu, pas mal de maîtrise et beaucoup de perplexité.
Synopsis : Michel Ganiant, businessman à succès, symbole d’un capitalisme décomplexé, accepte de se laisser filmer dans sa vie privée, alors qu’il va réaliser le « coup » de sa carrière.
Pour ce qui est de la comédie, le film de Stéphane Kazandjian n’est jamais vraiment drôle. Mais certaines répliques, bien que convenues, font franchement sourire. Là où Moi, Michel G, Milliardaire, Maître du monde est plus intéressant, c’est dans la satire qu’il propose de l’ultralibéralisme contemporain.
La description est à peine exagérée et les mécanismes financiers sont plutôt bien expliqués, ce qui transforme assez pertinemment le faux documentaire en fiction éducative. Les discours sont à peine simplifiés, le fonctionnement de notre capitalisme sauvage est plutôt bien retranscrit.
Et si le film est engagé contre cet univers où la seule valeur fondamentale est l’argent, il se garde de tirer des conclusions hâtives ou trop évidentes. Michel Ganiant est un salop mais on ne peut s’empêcher d’envier son mode de vie tout autant que son dynamisme, sa propension à toujours repartir de l’avant, à toujours gagner. Et sa sincérité.
Très loin du trader caricatural de Ma part du gâteau, l’homme d’affaire de Kazandjian est souvent sympathique, accueillant et même plaisantin. Il n’est pas le connard intégral sans ami et sans famille que voulait nous décrire Cédric Klapisch. Michel Ganiant est entouré, charmeur et enthousiaste. Il domine le monde.
Et plutôt que de détruire ce genre de personnage, Moi, Michel G… remet plutôt en question le système dans lequel nous vivons et qui fait de Michel Ganiant un modèle de réussite et de l’argent la clé qui permet d’accéder à tout : amour, gloire et beauté. Michel Ganiant est un opportuniste, un homme qui s’est parfaitement adapté au système. Mais comment notre société peut-elle pousser les hommes à devenir ainsi?
Le film se termine en thriller financier plutôt habile et clôt son propos de manière convaincante. Le divertissement est un peu léger mais le sujet est bien maîtrisé et la critique est aussi grossière dans la forme que subtile dans le fond.
Note : 5/10
Moi, Michel G, Milliardaire, Maître du monde
Un film de Stéphane Kazandjian avec François-Xavier Demaison, Laurent Lafitte et Laurence Arne
Comédie – France – 1h27 – Sorti le 27 avril 2011