Archives Mensuelles: juin 2013

Star Trek Into Darkness

Après avoir entamé un reboot de la célèbre saga en 2009, J.J. Abrams confirme son talent pour mettre en image des scènes d’action angoissantes et des dilemmes moraux stimulants. Avec un sens du rythme impeccable, le cinéaste ne manque que d’un peu de créativité. Car Star Trek Into Darkness est toujours remarquable, mais jamais novateur.

Synopsis : L’équipage de l’Enterprise doit faire face à des forces terroristes au sein même de son organisation. L’ennemi a fait exploser la flotte, plongeant notre monde dans le chaos…

Star Trek Into Darkness - critiqueJ.J. Abrams a le sens du rythme et du spectacle. Star Trek Into Darkness enchaîne les scènes d’action à suspense à une vitesse supersonique, offrant au spectateur plusieurs moments d’angoisse interstellaire, notamment quand le vaisseau de Kirk et Spock se frotte à celui des Klingons, ou quand Kirk et Harrison traversent l’espace séparant deux vaisseaux.

Le scénario réserve de nombreux retournements de situation, la tension est constante et chaque décision prise par Kirk ou Spock semble être une question de vie ou de mort, jusqu’au sommet narratif atteint quand l’équipage de l’Enterprise et celui de l’Amiral Marcus se retrouvent au centre d’une partie d’échec plutôt captivante.

Dommage alors que le récit, certes remarquablement bien construit, ne soit qu’une énième déclinaison d’une histoire déjà racontée des dizaines de fois dans une multitude de space operas. Dommage aussi que les scènes d’action, aussi habiles soient-elles, n’aient rien que de très classique. Star Trek Into Darkness témoigne d’un savoir-faire gigantesque et d’un sens du spectacle certain, mais de bien peu d’inventivité.

On admire cependant les enjeux moraux très forts qui motivent les personnages et leurs décisions. Entre le coeur et la raison, entre les priorités de chacun et les lois en vigueur, le débat est toujours passionnant. Et J.J. Abrams fait preuve d’un sens très aigu de l’éthique. La vie humaine vaut plus que les règles. L’amitié est une priorité majeure. Un ordre qu’on juge injuste ne doit pas être respecté. Jamais la vengeance ne doit commander nos décisions. Chaque homme a le droit à la justice, quoi qu’il ait fait.

En signant un film intelligent, pacifiste, qui reconnaît l’importance des principes fondamentaux autant que celle des émotions humaines, J.J. Abrams s’élève au-dessus du simple divertissement. Il ne lui manque maintenant qu’un zeste de créativité, ce qui faisait déjà grand défaut à Super 8.

Note : 6/10

Star Trek Into Darkness
Un film de J.J. Abrams avec Chris Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch, Zoe Saldana, Alice Eve, Karl Urban, John Cho, Anton Yelchin, Simon Pegg, Bruce Greenwood et Peter Weller
Science-fiction – USA – 2h10 – Sorti le 12 juin 2013

Né quelque part

Mohamed Hamidi raconte avec beaucoup de tendresse et de sincérité l’histoire de ce français d’origine algérienne qui découvre le pays de ses parents. Bien sûr, Né quelque part ne s’engage que sur des chemins très convenus, les péripéties et les sentiments de Farid ne surprennent jamais le spectateur.  Pourtant, quelques éclats d’authenticité sauvent le film de l’anonymat.

Synopsis : Farid n’a jamais mis les pieds en Algérie, il doit pourtant y aller pour sauver la maison de son père. Il y rencontre son cousin, qui voudrait plus que tout vivre en France.

Né quelque part - critiqueLe talent de Mohamed Hamidi se trouve dans ces petits moments de vérité légère où chaque personnage est décrit avec humour et tendresse. Le réalisateur arrive à rendre chaque instant naturel, les plaisanteries, les souffrances du quotidien, les petites mesquineries de l’administration.

Jamel Debouzze représente à merveille cette part du film : on aimerait suivre un peu plus le destin de ce personnage drôle et tragique, émouvant et agaçant.

Tewfik Jallab est juste mais son personnage est moins enthousiasmant. Ses réactions, ses doutes et ses joies sont très classiques et assez prévisibles. Il représente l’autre aspect du film, plein d’évidences et de bons sentiments.

Né quelque part est intéressant en ce qu’il décrit les relations des algériens à la France, et des français d’origine algérienne à leurs racines avec une jolie sensibilité. Il manque sans doute un peu de piment à ce récit, un peu de relief à sa mise en scène, pour que le film soit autre chose qu’une histoire sympathique mais un peu plate.

Note : 5/10

Né quelque part
Un film de Mohamed Hamidi avec Tewfik Jallab, Jamel Debbouze et Abdelkader Secteur
Comédie dramatique – France – 1h27 – Sorti le 19 juin 2013

L’Attentat

L’Attentat propose une intrigue terrible et passionnante, dans laquelle un homme est amené à reconsidérer toute son existence. Jusqu’à quel point celui avec lequel on partage notre vie peut-il rester un étranger? Malheureusement, au-delà d’un portrait social juste et pertinent, le film semble finalement comprendre ou accepter l’inacceptable.

Synopsis : Toute la journée, le docteur Amine, israélien d’origine arabe, opère les nombreuses victimes d’un attentat-suicide, avant d’apprendre que la terroriste était sa propre femme.

L'Attentat - critiqueLe début du film pose avec talent les bases d’une situation aussi terrible qu’intrigante. Et introduit de nombreux éléments inhabituels, à l’opposé des clichés traditionnels sur le conflit israélo-palestinien. L’arabe israélien est un grand médecin, reconnu et admiré par ses pairs juifs. La kamikaze palestinienne n’est pas une adolescente démunie, mais une adulte privilégiée, éduquée, intégrée à la société israélienne.

L’Attentat a le mérite rare de donner des nouveaux visages, moins stéréotypés, à tous les acteurs du conflit. Entre le mélodrame et le thriller politique, le film a de belles cartes romanesques dans son jeu (la trahison est double : celle d’avoir menti à son mari, mais aussi celle d’avoir, par son geste, nié son mode de vie et ses accomplissements, jusqu’à le mettre, lui et les arabes israéliens, dans une situation très inconfortable, nourrissant la spirale de la haine).

Mais en refusant presque tout parti pris, l’intrigue s’embarque peu à peu sur le terrain glissant de la compréhension. Il ne suffit pas d’évoquer la politique déplorable d’un pays (ou des actes scandaleux) pour trouver un début d’explication à un acte meurtrier inacceptable.

De la même façon que rien ne peut légitimer la torture, rien ne peut justifier qu’on agisse dans le but de tuer des civils innocents. Qu’Amin semble finalement apaisé, comme réconcilié avec sa femme, semble évoquer l’indulgence d’un homme dont le parcours l’a amené à mieux saisir les motivations qui lui étaient au début étrangères.

Si L’Attentat dresse un portrait très juste de la situation très compliquée des arabes d’Israël, le film semble vouloir donner à comprendre, voire réhabiliter chaque point de vue. En oubliant quelques principes fondamentaux : subir le mal n’autorise jamais à en faire; le meurtre de sang froid (prémédité qui plus est), quelles qu’en soient les raisons, est une barbarie inacceptable.

Note : 4/10

L’Attentat (titre original : The Attack)
Un film de Ziad Doueiri avec Ali Suliman, Reymonde Amsellem, Evgenia Dodina et Karim Saleh
Drame – France, Belgique, Liban, Qatar – 1h45 – Sorti le 29 mai 2013

Les Beaux Jours

Fanny Ardant et Laurent Laffite, 25 ans d’écart, s’éprennent l’un de l’autre. Malheureusement, le film avance de lieux communs en lieux communs, s’appuyant sur des personnages égoïstes et tièdes dont le bonheur nous importe finalement bien peu. Marion Vernoux s’enthousiasme pour une histoire assez laide, révélant une bien triste vision des gens et des relations humaines.

Synopsis : Caroline, fraîchement retraitée, n’a devant elle que du temps libre et encore du temps libre. Sa rencontre avec Julien, qui a l’âge de sa fille, va bouleverser son quotidien.

Les Beaux Jours - critiqueCertes, au cinéma on voit peu d’histoires d’amour entre une jeune sexagénaire et un homme qui n’a pas encore quarante ans. Est-ce que ce simple argument suffit pour justifier une romance banale qui enchaîne pendant 1h30 tous les clichés de la relation adultère?

L’amour n’a pas d’âge. D’accord, mais cela excuse-t-il que plus rien d’autre n’ait d’importance, ni les relations d’une vie, ni la confiance, ni le respect de celui qui partage notre existence? C’est avec une totale insouciance, sans l’once d’un remords (ou d’une hésitation) que Caroline se lance dans son aventure. Les réactions du mari, de la fille de Caroline, des amies du centre de loisirs pour retraités, appuient toutes une vision de la vie et du couple où le mensonge et la trahison n’ont aucune espèce d’importance. Caroline ne doit rien à Philippe, la seule chose qui compte, c’est qu’elle trouve son bonheur et son plaisir.

En célébrant l’épanouissement individuel, à tout âge et en toute situation, Marion Vernoux célèbre aussi une société individualiste où chacun s’occupe d’abord de soi et de sa libido avant de prendre soin des autres. Embarqués dans une course à la réalisation personnelle et à la liberté sans contrainte et sans concession, les personnages du film se regardent tous beaucoup, très occupés à décoder leurs désirs et leurs frustrations.

C’est d’abord le cas de Caroline, qui nous est tout de suite très antipathique. Trop absorbée par la contemplation de son nombril, elle n’a aucune attention pour ceux qui l’entourent, encore moins pour l’homme qui partage sa vie. Quant à Julien, il est tellement creux et arrogant qu’il est très vite insupportable (Laurent Laffite n’y est pas pour rien). Il reste Philippe, victime consentante un peu trop molle pour qu’on ait même envie de le défendre. Et une cohorte de retraités trop sympathiques, dont les jeux dépressifs ne nous arrachent ni sourire ni émotion.

Alors, Les Beaux Jours, ce sont ceux qui nous restent, quelque soit notre âge, ce sont ceux où l’on s’occupera seulement de nous-mêmes et de personne d’autres, ceux où l’on réalisera enfin nos fantasmes (aux dépend de ceux qui nous aiment), ceux où l’on sera enfin libres… et seuls. Caroline pourrait assumer ses nouveaux désirs, essayer de comprendre ses sentiments avec son mari, prendre avec lui les décisions qui s’imposent. Elle pourrait être faible et tourmentée. Non, elle est simplement désinvolte et narcissique, elle fait souffrir par simple inconséquence.

L’histoire d’amour est moche. La façon de voir la vie qui se dégage du film est moche. Et qui plus est, le scénario est tout construit de lieux communs sans saveur. L’âge n’y fait rien, la flamme est bien pâle quand on ne vit que pour soi.

Note : 2/10

Les Beaux Jours
Un film de Marion Vernoux avec Fanny Ardant, Laurent Lafitte et Patrick Chesnais
Comédie dramatique – France – 1h34 – Sorti le 19 juin 2013

Fast & Furious 6

On n’attend pas grand chose du sixième opus d’une franchise, surtout quand cette franchise s’appelle Fast & Furious. Et pourtant… Il faut reconnaître à Justin Lin un véritable talent pour orchestrer des séquences d’action stupéfiantes et jubilatoires. Le résultat : un film d’action too much, carrément jouissif par moments.

Synopsis : Hobbs traque un groupe de chauffeurs redoutables, dont le meneur, Shaw est secondé d’une de main de fer par l’amour que Dom croyait avoir perdu pour toujours : Letty…

Fast & Furious 6 - critiqueAprès Fast & Furious 5, étonnant de dynamisme et de scènes grandioses, Fast & Furious 6 reprend le flambeau sur les mêmes bases. Après un générique de début qui résume les 5 épisodes précédents, affirmant l’existence d’une mythologie Fast & Furious, le film avance sur un rythme effréné, ne laissant que très peu de répit au spectateur.

Le scénario est assez anecdotique (bien que finalement au niveau de la majorité des James Bond) mais ici, ce n’est pas l’histoire qui nous retient à l’écran. Et même si le film traine un peu au milieu, une scène de saut de l’ange nous coupe le souffle tandis que la séquence finale est simplement démentielle. On admire l’inventivité de Justin Lin, qui arrive encore à nous surprendre avec des intrigues simplistes et des bolides imposants. Et surtout à nous procurer de véritables sensations fortes.

Note : 5/10

Fast & Furious 6
Un film de Justin Lin avec Vin Diesel, Paul Walker, Dwayne Johnson, Michelle Rodriguez, Jordana Brewster, Tyrese Gibson, Ludacris, Sung Kang, Gal Gadot et Luke Evan
Action – USA – 2h10 – Sorti le 22 mai 2013