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Moi, moche et méchant 2
Majoritairement conçu dans les studios d’animation parisiens Mac Guff, comme l’était déjà le premier volet, Moi, moche et méchant 2 prouve que les techniques d’animation françaises se portent bien. Malheureusement, le film, aussi drôle et mignon soit-il, n’arrive jamais à proposer quelque chose de nouveau : le récit est d’une navrante banalité.
Synopsis : Alors que l’ex-méchant Gru commence à s’adapter à sa nouvelle vie de père de famille, une organisation luttant contre le Mal à l’échelle planétaire, vient frapper à sa porte.
Moi, moche et méchant 2 mise tout sur l’humour. Et effectivement, c’est souvent vraiment drôle, en grande partie grâce aux minions qui nous séduisent dans une accumulation de sketches qui ne sont pas sans rappeler les aventures de Scrat dans L’Âge de glace.
Mais assez vite le film s’essouffle, victime d’une histoire sans intérêt, d’un scénario pauvre en surprises et en rebondissements, de personnages et de situations convenus.
Construit comme un enchaînement de gags (réussis), Moi, moche et méchant 2 est dépourvu d’enjeux narratifs. La tendresse est sincère mais les péripéties sont bien banales.
Le film est amusant mais parfaitement anecdotique. Un bon moment dont on ne retiendra pas grand chose.
Note : 4/10
Moi, moche et méchant 2 (titre original : Despicable Me 2)
Un film de Chris Renaud et Pierre Coffin avec les voix de Steve Carell et Kristen Wiig
Film d’animation – USA – 1h38 – Sorti le 26 juin 2013
Epic : La Bataille du Royaume Secret
Epic propose de jolies images et quelques gags bien sympathiques. Mais perdu quelque part entre Dragons, Les Croods et Arthur et les Minimoys, le film de Chris Wedge peine à trouver sa place et son identité propre. Et même si on rit pas mal, le schéma bêtement manichéen de l’histoire n’arrange rien.
Synopsis : Lorsqu’une adolescente se retrouve plongée par magie dans un univers miniature, elle doit s’allier à des personnages singuliers afin de sauver leur monde… et le nôtre.
Chris Wedge, le créateur de L’Âge de glace, a tout misé sur la beauté de l’univers qu’il a créé et sur les scènes d’action entraînantes. Le monde d’Epic est très convaincant, certaines trouvailles visuelles sont même étonnantes et les cascades sont souvent réussies et bien filmées.
Le point faible du film, c’est l’histoire, déjà vue mille fois sous des formes diverses et variées. Le scénario et les personnages font même beaucoup trop penser à Arthur et les Minimoys (même si ici, tout est moins bête et moins grossier). L’aventure, très manichéenne, se suit sans mal, mais manque d’enjeux et d’ambition.
Restent de nombreux gags convenus et quelques moments plutôt drôles. Ainsi, chose rare pour des personnages uniquement comiques, l’escargot et la limace sont plutôt amusants. On retient aussi une très bonne blague concernant le cycle de vie des mouches. Par contre, Les relations paternelles sont particulièrement niaises.
Après The Croods, le cinéma d’animation américain confirme qu’il est aujourd’hui friand de grandes aventures écologiques. Epic nous fait passer un moment sympathique mais sans singularité. On l’oublie très vite.
Un film-type, noyé sous la masse de ses modèles et de ses copies à venir. Pour découvrir toute la poésie et l’originalité qu’on peut tirer d’un sujet similaire, courez voir Arrietty, le petit monde des chapardeurs du Studio Ghibli.
Note : 4/10
Epic : La Bataille du Royaume Secret (titre original : Epic)
Un film de Chris Wedge avec les voix d’ Amanda Seyfried, Josh Hutcherson, Steven Tyler, Colin Farrell, Christoph Waltz et Beyoncé Knowles
Film d’animation – USA – 1h42 – Sorti le 22 mai 2013
Les Croods
Après l’épouvantable Les 5 Légendes, DreamWorks revient en forme avec Les Croods, une aventure familiale drôle et touchante. Certes, l’inventivité n’est pas encore au rendez-vous et L’Âge de glace semble avoir beaucoup inspiré Chris Sanders et Kirk DeMicco, mais on ne boude pas notre plaisir devant ce film attachant et bien mené.
Synopsis : Lorsque la caverne où ils vivent depuis toujours est détruite, les Croods se retrouvent obligés d’entreprendre leur premier grand voyage en famille.
Les Croods est sans aucun doute le meilleur film de DreamWorks depuis Dragons, déjà réalisé par Chris Sanders. Les thématiques sont d’ailleurs les mêmes : de jeunes héros se rebellent contre la peur et les traditions pour rompre le cou aux préjugés et sauver leurs proches.
Loin, très loin de la bêtise des 5 Légendes, là où le bonheur est affaire de foi et d’illusions, Les Croods défend une vision volontariste dans laquelle la vie dépend des choix et des risques pris par chacun.
Contre un père conservateur et ultra-protecteur, Eep préfère prendre sa vie en main. Elle et Guy opposent l’intelligence à la tradition, la vie à la sécurité. Alors qu’aujourd’hui, des centaines de milliers de personnes descendent dans la rue pour défendre des coutumes ancestrales contre la justice et le progrès, Les Croods rappelle que la vie se nourrit de l’évolution. Plutôt que de voir l’avenir comme une menace, Sanders et DeMicco l’envisagent comme une source d’espoir et d’aventures, de découvertes et de possibilités multiples.
A ce discours bienvenu s’ajoutent des scènes d’aventure remarquables. Ce sont les différentes courses-poursuites qui nous tiennent le plus en haleine, portées par une réalisation dynamique et un graphisme réussi. Les idées foisonnent dans cette jungle d’autrefois et l’humour est au rendez-vous.
Quelque part entre L’Âge de glace (les personnages et les péripéties se ressemblent beaucoup) et Les Pierrafeu, le film manque certes d’originalité pour pouvoir se ranger à côté des chefs d’œuvre de Pixar. Mais le divertissement est entraînant, drôle et intelligent. C’est déjà beaucoup.
Note : 6/10
Les Croods (titre original : The Croods)
Un film de Chris Sanders et Kirk DeMicco avec les voix de Nicolas Cage, Ryan Reynolds et Emma Stone
Film d’animation – USA – 1h32 – Sorti le 10 avril 2013
Les Cinq légendes
DreamWorks est toujours en-dessous de Pixar. Quand Pixar livrait des chefs d’oeuvre, DreamWorks proposait des films moyens. Quand Pixar se rate totalement avec Rebelle, alors DreamWorks arrive à faire encore moins bien avec ce film niais, archi-conventionnel, dépourvu de la moindre inventivité et du moindre risque. On rêve autant que devant une usine.
Synopsis : L’aventure d’un groupe de héros. Emmenées par Jack Frost, un adolescent rebelle et ingénieux, ils vont devoir protéger les espoirs, les rêves et l’imaginaire de tous les enfants.
Les Cinq légendes, c’est un blockbuster-navet pour enfants. Les scènes d’action s’enchainent comme des passages obligés sans inventivité et le scénario manichéen est extrêmement simpliste pour rester accessible aux plus petits. Chaque légende est d’abord une figurine à bientôt gagner dans son Happy Meal : les personnages sont des vignettes animées interchangeables sans histoire ni caractère, une équipe de produits marketing à la Kung Fu Panda, jamais le film n’apporte plus que l’argument de départ qu’il a piqué à la culture populaire.
Quant à l’intrigue elle-même, non seulement elle tient sur un timbre poste, mais en plus elle a déjà été vue un million de fois. Une armée d’effets spéciaux au service… des mensonges qu’on sert aux gamins et qu’il faudrait absolument préserver pour que le monde reste ce qu’il est, merveilleux et féérique (si si, tous les enfants de la Terre sont heureux aujourd’hui grâce au Père Noël et au Lapin de Pâques qui pensent à eux…). Bref, Les Cinq légendes, c’est une vision du monde bêta et chamallow difficile à supporter pendant 1h30. Rajoutons qu’on ne rit jamais, et qu’il n’y a pas le moindre suspense ou la moindre surprise pour nous sortir de notre torpeur.
Un produit commercial calibré, sans risque, sans poésie, sans idée, sans contenu. Une compilation de clichés pour formater les enfants dès leur plus jeune âge (les autres s’ennuieront ferme).
Note : 0/10
Les Cinq légendes (titre original : Rise of the Guardians)
Un film de Peter Ramsey avec les voix de Alec Baldwin, Jude Law, Hugh Jackman…
Film d’animation – USA – 1h37 – Sorti le 28 novembre 2012
Ernest et Célestine
En cette veille de Noël, parlons de ce charmant film d’animation qui devrait ravir petits et grands. Des personnages tendres, des dessins simples et élégants, une intrigue fraîche et subtile, Ernest et Célestine, très remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs, a tout pour nous toucher au cœur. Un film politique pour les enfants, qui appelle à la remise en cause de l’ordre en place.
Synopsis : Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, rencontre Célestine, une petite souris orpheline. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter, et ainsi bousculer l’ordre établi.
Une jolie fable enfantine, certes simple, mais qui a plus à dire que pourrait le laisser croire son statut de dessin animé pour les plus jeunes. A des kilomètres des derniers Disney qui n’ont souvent rien à raconter, Ernest et Célestine se prononce pour l’anticonformisme et la désobéissance civile.
Ernest est un musicien sans le sou, un homme « pas comme il faut », à l’opposé du vendeur de bonbons qui a tout compris à la logique commerciale du monde qu’il habite. Célestine est une enfant qui aime dessiner : elle voudrait être peintre, mais on lui réserve un avenir de dentiste, un métier utile et pragmatique. Ernest et Célestine sont des rêveurs, mais cela les marginalise. Pour être accepté, il n’existe que deux choix : être efficace ou être rentable, être productif et créer du confort ou avoir le sens des affaires et créer de l’argent.
Deux artistes solitaires qui trouvent leur alter ego dans une société ennemie qui ressemble pourtant beaucoup à la leur (jusqu’au parallèle final entre les deux systèmes judiciaires, drôlement pertinent). Le graphisme est d’un charme simple qui sait pourtant créer des univers complexes, comme la magnifique cité souris. Les idées ne manquent pas, et on retient notamment cette civilisation qui repose entièrement sur le pouvoir des dents. Celles-ci sont un outil en même temps qu’un moyen de communication : elles sont donc doublement nécessaires au progrès.
Parfois, Ernest et Célestine se fait plus naïf et contemplatif et s’adapte mieux à un public plus jeune. Mais la fin du film, drôle et épique, ravira petits et grands dans un magistral élan d’utopie et de tendresse.
Note : 7/10
Ernest et Célestine
Un film de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier avec les voix de Lambert Wilson et Pauline Brunner
Film d’animation – France – 1h19 – Sorti le 12 décembre 2012
Mention spéciale de la SACD à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2012