Fast & Furious 6
On n’attend pas grand chose du sixième opus d’une franchise, surtout quand cette franchise s’appelle Fast & Furious. Et pourtant… Il faut reconnaître à Justin Lin un véritable talent pour orchestrer des séquences d’action stupéfiantes et jubilatoires. Le résultat : un film d’action too much, carrément jouissif par moments.
Synopsis : Hobbs traque un groupe de chauffeurs redoutables, dont le meneur, Shaw est secondé d’une de main de fer par l’amour que Dom croyait avoir perdu pour toujours : Letty…
Après Fast & Furious 5, étonnant de dynamisme et de scènes grandioses, Fast & Furious 6 reprend le flambeau sur les mêmes bases. Après un générique de début qui résume les 5 épisodes précédents, affirmant l’existence d’une mythologie Fast & Furious, le film avance sur un rythme effréné, ne laissant que très peu de répit au spectateur.
Le scénario est assez anecdotique (bien que finalement au niveau de la majorité des James Bond) mais ici, ce n’est pas l’histoire qui nous retient à l’écran. Et même si le film traine un peu au milieu, une scène de saut de l’ange nous coupe le souffle tandis que la séquence finale est simplement démentielle. On admire l’inventivité de Justin Lin, qui arrive encore à nous surprendre avec des intrigues simplistes et des bolides imposants. Et surtout à nous procurer de véritables sensations fortes.
Note : 5/10
Fast & Furious 6
Un film de Justin Lin avec Vin Diesel, Paul Walker, Dwayne Johnson, Michelle Rodriguez, Jordana Brewster, Tyrese Gibson, Ludacris, Sung Kang, Gal Gadot et Luke Evan
Action – USA – 2h10 – Sorti le 22 mai 2013
Epic : La Bataille du Royaume Secret
Epic propose de jolies images et quelques gags bien sympathiques. Mais perdu quelque part entre Dragons, Les Croods et Arthur et les Minimoys, le film de Chris Wedge peine à trouver sa place et son identité propre. Et même si on rit pas mal, le schéma bêtement manichéen de l’histoire n’arrange rien.
Synopsis : Lorsqu’une adolescente se retrouve plongée par magie dans un univers miniature, elle doit s’allier à des personnages singuliers afin de sauver leur monde… et le nôtre.
Chris Wedge, le créateur de L’Âge de glace, a tout misé sur la beauté de l’univers qu’il a créé et sur les scènes d’action entraînantes. Le monde d’Epic est très convaincant, certaines trouvailles visuelles sont même étonnantes et les cascades sont souvent réussies et bien filmées.
Le point faible du film, c’est l’histoire, déjà vue mille fois sous des formes diverses et variées. Le scénario et les personnages font même beaucoup trop penser à Arthur et les Minimoys (même si ici, tout est moins bête et moins grossier). L’aventure, très manichéenne, se suit sans mal, mais manque d’enjeux et d’ambition.
Restent de nombreux gags convenus et quelques moments plutôt drôles. Ainsi, chose rare pour des personnages uniquement comiques, l’escargot et la limace sont plutôt amusants. On retient aussi une très bonne blague concernant le cycle de vie des mouches. Par contre, Les relations paternelles sont particulièrement niaises.
Après The Croods, le cinéma d’animation américain confirme qu’il est aujourd’hui friand de grandes aventures écologiques. Epic nous fait passer un moment sympathique mais sans singularité. On l’oublie très vite.
Un film-type, noyé sous la masse de ses modèles et de ses copies à venir. Pour découvrir toute la poésie et l’originalité qu’on peut tirer d’un sujet similaire, courez voir Arrietty, le petit monde des chapardeurs du Studio Ghibli.
Note : 4/10
Epic : La Bataille du Royaume Secret (titre original : Epic)
Un film de Chris Wedge avec les voix d’ Amanda Seyfried, Josh Hutcherson, Steven Tyler, Colin Farrell, Christoph Waltz et Beyoncé Knowles
Film d’animation – USA – 1h42 – Sorti le 22 mai 2013
Shokuzai – Celles qui voulaient oublier
Shokuzai a été découpé en deux films pour l’exploitation en salles. Le second opus vient compléter la saga et offre au spectateur un large panorama des psychoses qu’un adulte peut développer suite aux tragédies de sa jeunesse. Et malgré les chemins alambiqués de son récit, le film arrive à trouver une cohérence étonnante et inquiétante.
Synopsis : Dans une cour d’école, 4 fillettes sont témoins d’un meurtre. Sous le choc, aucune n’arrive à se rappeler de l’assassin. 15 ans plus tard, 2 d’entre elles voudraient oublier…
Suite de Shokuzai – Celles qui voulaient se souvenir, avec le destin des deux autres petites filles qui avaient assisté au meurtre de leur amie 15 ans plus tôt. Alors que Sae et Maki ne vivaient que dans l’attente de remplir leur promesse d’enfant et de se racheter, Akiko et Yuka continuent leur vie loin de ce serment, la première repliée sur elle-même, la seconde dans l’espoir de mettre le monde à ses pieds.
L’histoire d’Akiko est assez bien racontée même si une fois encore, le scénario repose sur des coïncidences d’autant plus improbables qu’elles se multiplient, et sur l’omniprésence de la perversité. Yuka apporte un vent de fraîcheur presque inattendu à cette galerie de portraits dépressifs, puisque contrairement aux autres, elle refuse de subir le poids du passé.
Pourtant, comme chacune de ses anciennes amies, elle provoquera un drame. Partout dans Shokuzai, le destin contrôle les trajectoires des personnages, leur donnant à toutes (bénédiction ou malédiction?) l’occasion de venger le traumatisme de leur enfance.
C’est encore le cas dans le segment d’Asako, dans lequel la providence et la fatalité prennent une place encore plus conséquente. Le destin d’Asako semble être la synthèse de celui des quatre jeunes filles dont elle a modifié la vie à jamais, les forçant à prendre une part de responsabilité dans le drame de leur enfance. Ainsi, elle partage avec Yuka une jalousie maladive et destructrice, à l’origine de la tragédie. Suite au meurtre d’Emili, elle se montre démesurément sévère et intransigeante avec les amies de sa fille, comme Maki avec ses élèves. Les 15 années qui suivent sont pour elles un long calvaire, une période de repli sur soi, 15 années de réclusion qu’elle partage avec Akiko. Sur le modèle de Sae, elle retrouve finalement celui qui lui avait volé sa « poupée » dans le seul but de l’atteindre.
Les vengeances terribles de Sae, Maki, Asako et Yuka influenceront-elles les choix finaux d’Akiko? Et si cette dernière était coupable de tout, si c’était elle qui avait tout provoqué, qui avait créé cinq monstres et autant de destins tragiques?
Malgré son scénario invraisemblable et l’intérêt inégal de son récit, la fable nous fascine par la diversité de ses histoires et de ses personnages, et se révèle être une étude ample et vertigineuse de la culpabilité. Ce film froid et inquiétant dresse le portrait d’une société détraquée formée d’une constellation de solitudes névrosées.
Note : 6/10
Shokuzai – Celles qui voulaient oublier (titre original : Shokuzai 2)
Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Kyôko Koizumi, Sakura Ando et Chizuru Ikewaki
Drame, Thriller – Japon – 2h28 – Sorti le 5 juin 2013
Shokuzai – Celles qui voulaient se souvenir
Présenté sous la forme d’une mini-série de 5 épisodes au Japon, Shokuzai a été découpé en deux films pour l’exploitation en salles. Dommage car le premier opus semble bien incomplet, et la coupe ne fait pas vraiment sens. Les 2 histoires qui nous sont présentées ici, orphelines des 3 suivantes, arrivent à nous captiver par moments, sans pour autant nous convaincre vraiment.
Synopsis : Dans une cour d’école, 4 fillettes sont témoins d’un meurtre. Sous le choc, aucune n’arrive à se rappeler de l’assassin. 15 ans plus tard, 2 d’entre elles voudraient se souvenir…
Après le bref récit d’un événement traumatisant subi par quatre fillettes dans leur enfance, Kiyoshi Kurosawa s’intéresse aux conséquences de cet événement sur la vie de ces quatre amies devenues des jeunes femmes. 15 ans plus tard, les résonances du passé sont plus fortes que jamais.
Dans ce thriller froid et mystérieux, chaque personnage vit son traumatisme à sa façon, s’appropriant le passé douloureux comme une part très importante de son identité. L’histoire de Sae, aux frontières du film horrifique, fait froid dans le dos. Ce segment de Shokuzai, intense et énigmatique, est supérieur au suivant.
En effet, les aventures de Maki plongent le film dans le drame social improbable et un peu exagéré. Les coïncidences ont la part belle dans ce récit un peu limite qui voudrait nous faire croire que l’insécurité est généralisée et que les enfants sont sans cesse en danger. Néanmoins, les dilemmes moraux qui se posent ne sont pas inintéressants.
Mais le véritable problème, c’est qu’il s’agit clairement d’une première moitié de film. Le récit s’arrête au milieu, laissant l’impression évidente que cet opus ne se suffit pas à lui même et qu’en l’état, l’œuvre est inachevée.
Difficile donc de juger ce film avant de voir sa suite, sortie la semaine suivante au cinéma. Alors seulement le film sera complet et fera sens.
Note : 5/10
Shokuzai – Celles qui voulaient se souvenir (titre original : Shokuzai)
Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Kyôko Koizumi, Hazuki Kimura et Yû Aoi
Drame – Japon – 1h59 – Sorti le 29 mai 2013
After Earth
Will Smith et son fils avaient déjà joué ensemble dans A la recherche du bonheur. Il y était déjà question de survie dans un univers hostile. La comparaison s’arrête là : After Earth se nourrit d’anticipation et d’aventures. S’il y a beaucoup de bonnes idées et de scènes percutantes, le film souffre d’un scénario vite prévisible et sans relief.
Synopsis : Après un atterrissage forcé, Kitai et son père se retrouvent sur Terre, mille ans après que l’humanité ait été obligée d’évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques.
Le film commence par distribuer ses cartes plutôt avantageuses. De très belles idées (l' »effacement », l’arrivée accidentelle sur une Terre abandonnée depuis mille ans, l’architecture des habitations du futur), la rapide description d’une société futuriste, et la fascination évidente pour ce que pourrait être l’humanité (et la Terre) dans un futur très lointain.
Et puis au bout de 20 minutes, le programme complet du film est exposé et celui-ci n’en divergera jamais. Pourtant, After Earth serait plutôt un objet étrange dans l’univers du blockbuster : l’histoire tient seulement sur deux personnages, dont l’un est immobilisé; le space opera se transforme peu à peu en film d’exploration puis en survival.
Mais le scénario paraît vite assez plat, la faute à des motifs un peu trop évidents (la relation paternelle, la confiance et la complicité, le poids de la peur et de la culpabilité…).
Pourtant, il faut reconnaître à M. Night Shyamalan que jamais on ne s’ennuie, alors que le dispositif pouvait laisser craindre le pire. Car le film distille quelques séquences époustouflantes, la plus réussie étant sans aucun doute le plongeon de Kitai depuis les hauteurs d’une falaise.
Comme toujours, le réalisateur de Sixième sens nous emballe par l’univers qu’il arrive à créer, par l’histoire qu’il nous raconte, par les enjeux qu’il met au centre de son récit. Et comme très souvent, son film s’avère un peu décevant au regard de ce qu’on pouvait en attendre et de son talent pour nous scotcher à l’écran par intermittence. On regrette aussi le jeu peu nuancé de Jaden Smith.
Le début d’After Earth est très prometteur, puis le film remplit son cahier des charges sans plus chercher à nous surprendre. L’aventure est parfois convenue, parfois palpitante, ce qui suffit néanmoins à nous faire passer un fort bon moment de cinéma.
Note : 5/10
After Earth
Un film de M. Night Shyamalan avec Jaden Smith, Will Smith et Sophie Okonedo
Science-fiction – USA – 1h40 – Sorti le 5 juin 2013

