La Ballade de l’impossible – Norwegian wood
Un film de Tran Anh Hung avec Kenichi Matsuyama, Rinko Kikuchi et Kiko Mizuhara
Drame, Romance – Japon – 2h13 – Sorti le 04 mai 2011
Titre original : Noruwei No More
Synopsis : Fin des années 60. Kizuki, le meilleur ami de Watanabe, s’est suicidé. Watanabe s’installe alors à Tokyo où il retrouve Naoko, ancienne petite amie de Kizuki, fragile et repliée sur elle-même.
Avec ses longues ellipses et ses longs plans qui captent l’intensité d’une rencontre ou d’une solitude, La Ballade de l’impossible dilate le temps et le montre tel qu’il est : crucial et inégal. Le film pourrait être celui des souvenirs de Watanabe quelques années après les événements. Les moments qui ont compté sont rares, ce sont eux qui ont rempli notre vie et pourtant, on en a forcément trop peu profité. Car entre ces moments, il y a tout le reste, tout ce que le film ne montre pas, tout ce que les souvenirs laissent de côté : le quotidien, la vie qui s’échappe.
Et quand il est trop tard, quand le film se termine, quand on doit passer à la période suivante de notre vie, il ne reste que le regret de n’avoir pas plus vécu ces moments, de n’avoir pas su les retenir, et la mélancolie de devoir les laisser derrière nous, inéluctablement.
Le film de Tran Anh Hung est presque hors du temps, son ambiance fait penser à celle qui se dégageait de Never let me go, douce et pourtant tragique. La Ballade de l’impossible est une réussite quand ses personnages aiment et quand ils souffrent. Certains plans, très simples et très beaux, disent mieux que tout l’amour qui naît et l’amour qui lutte. Et quand le film s’aventure sur le deuil et sur la souffrance incommensurable qui en résulte, il en ressort une ambiance psychédélique, accompagnée par la musique poignante de Jonny Greewood, et notre coeur est traversé de flèches empoisonnées. Comment s’en sortir, comment vivre malgré la perte d’un être aimé? La question semble insoluble.
Si Hatsumi est le seul personnage à n’être amoureuse que d’un seul homme, tous les autres se trouvent face au dilemme fondamental d’aimer plusieurs êtres qui voudraient être aimé exclusivement. Mais ils se trouvent aussi confrontés au puissant paradoxe que représente le sexe. Alors que d’une part, il réalise et magnifie l’amour, d’autre part il s’en dissocie forcément, soit qu’on n’arrive pas à vouloir celui qu’on aime, soit qu’on a besoin de vouloir d’autres femmes et d’autres hommes. Alors l’amour mal assumé glisse lentement vers la douleur ou vers la torture. Entre la romance et la souffrance, le film est parfois maladroit ou trop haché quand il parle de fidélité et d’abstinence. Certains passages semblent alors un peu longs et inutiles.
Mais quand La Ballade de l’impossible revient sur les tensions entre amour et désespoir, entre désir et déception, il arrive à donner corps à la jeunesse qui s’enfuit bien avant qu’on ait eu le temps de la vivre.
Note du film : 6/10
Publié le 16 mai 2011, dans Films sortis en 2011, et tagué cinéma japonais, drame, Tran Anh Hung. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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