Super 8
Retour 30 ans en arrière, à la recherche de l’innocence des premiers blockbusters de science-fiction. J.J. Abrams sort Super 8 avec l’espoir avoué de ressusciter l’émotion d’E.T. L’enfance, les extraterrestres, Spielberg à la production… Tous les ingrédients sont réunis sauf peut-être l’essentiel : un scénario qui suprend et la magie qui va avec.
Synopsis : 1979, Ohio. Alors qu’ils tournent un film en super 8, un groupe d’adolescents est témoin d’une mystérieuse catastrophe ferroviaire. Les services fédéraux arrivent alors en ville pour cacher la vérité…
Steven Spielberg produit le Super 8 de J.J. Abrams, comme pour mieux signer une filiation évidente : Super 8 essaie de ressusciter le cinéma fantastique et familial des années 80 dont le maître absolu n’était autre que Spielberg. L’esprit d’E.T. semble habiter chaque plan, chaque personnage, chaque enjeu de ce film fait pour émerveiller l’enfant qui se cache en chaque spectateur, comme le faisaient ces films qui peuplent notre mémoire de cinéphile, de Retour vers le futur à Gremlins en passant SOS Fantômes et L’Histoire sans fin.
Et d’ailleurs, Abrams n’essaie pas de nous le cacher : son récit prend place à la fin des années 70 et se construit à l’identique des grandes aventures qui ont fait rêver les trentenaires d’aujourd’hui quand ils étaient en âge de découvrir le cinéma. Super 8, c’est donc une madeleine de Proust faite avec les moyens des années 2010, le déraillement du train étant sans doute la scène la plus bluffante du film.
Malheureusement, le scénario est particulièrement faible. Le mystère tient le spectateur en haleine pendant les 45 premières minutes. Ensuite, les révélations sont décevantes et souvent mal amenées. Ainsi, quand le scénario est impuissant à nous expliquer ce qui se passe, les enfants trouvent un film qui résume les grands traits de l’intrigue. Les fils narratifs sont trop visibles et la magie tant attendue n’est pas vraiment au rendez-vous : Super 8 raconte une histoire très banale, aussi bien dans le domaine de la science-fiction (les hommes jouent avec le feu en essayant de contrôler quelque chose qu’ils ne maitrisent pas) que dans celui de la famille (deux enfants vont réussir au cours du film à se rapprocher de leur père, merci Steven Spielberg).
C’est donc du côté du titre, et de l’utilisation du Super 8, qu’il faut trouver le vrai charme de ce blockbuster à l’ancienne. La célébration du film amateur est moins potache que dans Soyez Sympas, rembobinez, on décèle sans mal chez Abrams un véritable amour du cinéma, très contagieux. Le cinéma est finalement la seule chose que le réalisateur arrive à rendre véritablement fascinante. C’est déjà ça.
Note : 4/10
Super 8
Un film de J.J. Abrams avec Kyle Chandler, Joel Courtney et Elle Fanning
Science-fiction – USA – 1h50 – Sorti le 3 août 2011
Publié le 21 août 2011, dans Films sortis en 2011, et tagué J.J. Abrams, Science-fiction. Bookmarquez ce permalien. 4 Commentaires.
J’ai été déçu du manque d’originalité du film et du mystère qui se révèle vu et déjà vu et comme tu le dis, vraiment mal amené. C’est pourtant assez intriguant au départ et l’idée de tourner un film en super 8 est vraiment sympa mais le soufflé retombe très vite. On remarque aussi les nombreuses références cinématographiques des films SF des années 80 !
Super 8. Le film qu’on aurait aimé aimer. Malheureusement le désenchantement vient vite. Le côté flamboyant repris aux productions eighties (Farrah Fawcet sort de ce film!) ne l’empêche pas. Alors que le jeu des jeunes comédiens est assez épatant par sa justesse, leur amitié – ce qui soude leur groupe en d’autres termes – est survolée bien trop vite et ce pour notre plus grande déception. Rapidement l’enjeu du film est éventé. Non, la créature n’est pas si maléfique que ça (elle se montre même plutôt bricoleuse); oui, on va pouvoir l’aider (Téléphone maison?); oui, elle retournera dans l’espace (enfin chez elle, si le carburant ne vient pas à manquer); oui, tout finira bien (la vilaine armée sera mise en pièces – et ses très méchants membres annihilés, surtout le très très très vilain militaire qui s’empare sans raison aucune (une prise de guerre?) du médaillon-souvenir du héros -, les querelles seront oubliées, les familles seront ressoudées, la ville sera un peu détruite, mais n’oubliez pas, c’est ainsi que fonctionne au mieux le commerce : la reconstruction!). La patte du producteur (Steven Spielberg) est si visible que l’on finit par y voir moins un hommage appuyé qu’un plagiat consenti. Des scènes entières de « Rencontres du troisième type », de « E.T. » et de « La guerre des mondes » semblent avoir été directement aspirées dans la grande machine à recycler hollywoodienne. J.J. Abrams est un bon faiseur, mais il manque de délicatesse, de subtilité (d’ailleurs les charretées de violons nous le rappellent constamment). Je me souviens encore avec émotion du personnage qu’interprète Richard Dreyfuss qui voit sa vie chamboulée de fond en comble à cause d’une rencontre avec une vague entité extraterrestre : sa femme se barre avec les enfants, les voisins le prennent pour un fou, il transforme son salon en un lieu de culte étrange à cause d’une vision subreptice qu’il a eu alors qu’il chopait un coup de soleil nocturne. Comprenez-moi… dans Super 8, un train gigantesque déraille et la population commence à s’émouvoir quand disparaissent les moteurs des voitures d’occasion et les fours micro-ondes! Le cœur même de l’Amérique consumériste est touché en plein (d’ailleurs une brave dame ira accuser les Russes, car la peur du rouge rôde encore dans les parages – jolie tentative de renversement, car de 1950 à 1970 les extraterrestres belliqueux étaient alors une sublimation cinématographique des Soviets). Six enfants sont témoins d’un incident quasi cataclysmique et cela ne les remue pas plus que ça?! Comment se fait-il qu’ils aillent à la recherche des archives – on ne peut plus didactiques! – du bon Dr Woodward aussi tard?!?! Plus le film avance et plus les ficelles de l’intrigue se métamorphosent en câble de téléphérique (avec sa ribambelle de cabines cahotantes). Et je ne parle même pas des ellipses temporelles aberrantes (le protagoniste principal est témoin des agissements de la créature dans le cimetière, puis à la scène suivante il dort tranquillement dans son lit, etc), des erreurs de raccords lumière (la scène de l’accident de train est intéressante à cet égard), des invraisemblances et incohérences intimement mêlées qui sont telles que je ne donne pas cher de la peau du ou de la scripte (la scène de l’accident de train est un must : la voiture du bon Dr Woodward est pulvérisée lors de l’impact et on la retrouve presque intacte – un des phares est encore allumé! – quelques scènes plus tard avec le vigoureux Dr Woodward toujours à son volant; le train semble percuté une montagne vue le déraillement qui s’ensuit; la gare explose sous la collision d’un wagon, mais ni la caméra ni la voiture d’Alice n’ont souffert plus que ça de ce déchaînement pyrotechnique; le déraillement du train est apocalyptique est tout le monde s’en sort sans la moindre égratignure : la descendance de John McClane est assurée!!!, le cimetière demeure un havre de silence où seuls quelques grillons chahutent alors qu’il est situé au centre d’une ville en pleine reconstitution de la bataille du Têt). A croire qu’il faut vraiment faire dans le n’importe quoi afin de transformer ne serait-ce qu’une seconde la mastication bovine du pop-corn dans les multiplexes de la planète en un bref ébahissement dû à la surprise… C’est moche tout de même de venir titiller nos souvenirs d’apprentis cinéphiles bis avec des sous-produits marquetés. C’est l’intention qui compte, qu’ils disaient…. Aaaah si au moins J.J. Abrams s’était focalisé sur les gamins, le film s’en serait un peu mieux sorti (la preuve avec le générique de fin). Il serait tout de même dommage que J.J. Abrams se change en Michael Bay.
Eh bien, quel commentaire! Je suis d’accord. Et plus que les invraisemblances, c’est le manque d’enjeu et l’absence de vraie magie qui me semblent les plus gênants.
Je partage l’avis donné dans l’article et surtout celui de Monsieur J dont le commentaire est très complet, argumenté et surtout très juste. Je n’aurais pas mieux dit.